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CRYOTHÉRAPIE POUR MÉDECINS GÉNÉRALISTES

Publié le 18/03/2016
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La cryothérapie est une technique simple bien adaptée à l’exercice de la médecine générale pour traiter des lésions cutanées fréquentes facilement identifiables, selon les Drs David Darmon (DMG de Nice ) et Pascal Boulet (DMG de Rouen) qui viennent de publier un article sur le sujet dans la dernière édition de la revue Exercer (1).  Selon ces auteurs, la cryothérapie « contribue à l’amélioration de l’accès aux soins  ( …). Son usage doit être proscrit en cas de doute diagnostique ».

→ La technique présentée est celle de l’application d’azote liquide en spray, alternative à celle du coton-tige trempé dans l'azote contenu dans une cupule en inox.  Le dispositif est un container pressurisé contenant l'azote, équipé de gicleurs de différentes tailles, adaptés à la surface de la lésion à traiter. Le cryopistolet permet de vaporiser l’azote sur la lésion à une distance de 1 à 1,5 cm. L’application peut être réalisée en spirale (en tournant légèrement le pistolet sur la surface à traiter) ou selon la méthode du pinceau (en va-et-vient).

→ Ainsi, les principales indications pouvant relever de ce traitement en médecine générale sont les verrues plantaires ; les verrues vulgaires ; les molluscum contagiosum ; les molluscum pendulum ; les condylomes ; les kératoses actiniques ; les kératoses séborrhéiques minces ou épaisses ; les lentigos solaires. En résumé, les lésions bénignes des zones glabres de la peau chez les sujets à peau claire représentent les meilleures indications de la cryothérapie en médecine générale.

→ La cryothérapie ne nécessite pas d’anesthésiants et le temps d’application est de quelques secondes pour les lésions en peau fine. Les verrues plantaires et les kératoses épaisses pouvant nécessiter une application plus importante. Les taux de guérison des verrues avec la cryothérapie est de 60 à 70 %. Il atteint 86 % en lui associant un traitement quotidien par acide salicylique de 6 semaines.

→ Toutefois, la prudence reste de mise. Toute lésion relevant d’une biopsie, toute suspicion de mélanome sont des contre-indications absolues à la cryothérapie. De même, le risque d’hypo-pigmentation résiduelle inesthétique, particulièrement fréquente chez les patients à peau noire.

L’existence d’un urticaire au froid, une maladie de Raynaud, une maladie auto-immune, une cryo-globulinémie, un traitement immunosuppresseur concomitant ou un myélome multiple sont des contre-indications relatives. Il convient aussi de se méfier des zones à risque de complications que représentent les paupières, les replis nasaux et les lésions prétibiales.

En effet, la cryothérapie comporte des risques de complications très précoces telles la douleur lors d’une application prolongée, ou la survenue de malaises vagaux. Moins connue, l’apparition de céphalées en cas de lésions temporales. Des lésions nerveuses, voire des ruptures tendineuses, notamment lors du traitement de la face dorsale de la main en regard des tendons extenseurs des doigts ont été décrites.

Les complications tardives comme l’hyper- ou l’hypo-pigmentation sont plus classiques, ou les cicatrices chéloïdes, la perte de pilosité, l’onychodystrophie ou les granulomes pyogéniques.

→ Les auteurs rappellent que de nombreuses cotations peuvent être appliquées dans le cadre de ce traitement (CCAM QZNP004). 
 

1- Darmon D, Boulet P. La cryothérapie en cabinet de médecine générale. Exercer 2016 ; 123 :43-5.

 
Dr Linda Sitruk

Source : lequotidiendumedecin.fr