« Monsieur G., 65 ans, est diabétique et doit bénéficier d'une vaccination contre la grippe saisonnière. Mais elle craint que ce vaccin ne la rende malade... »
Identifier les sources de ces peurs
Les vaccins contre la grippe saisonnière sont de plus en plus boudés par les patients depuis quelques années, surtout depuis le fiasco de la vaccination de masse contre la grippe H1N1 : le taux de couverture vaccinale est passé de 60% en 2009 à 52 % en 2010. Aussi face à ces réticences, il est important tout d'abord d'identifier les sources de ces peurs irrationnelles pour en estimer la valeur et le poids. Des questions ouvertes sur ces peurs permettront au médecin de mieux percevoir les représentations mentales des patients vis-à-vis de cette vaccination. Enfin, explique le Dr Annie Catu-Pinault, généraliste enseignante à Paris et membre de la Société Médicale Balint (SMB)*, « il ne faut pas sous-estimer les résonances que font ces réticences chez les généralistes eux-mêmes ». En effet ils bénéficient depuis 2010, d'une prise en charge à 100% du vaccin. Malgré cette incitation, seulement 47 % d'entre eux ont été vaccinés l’année dernière.
Partir des représentations
C'est à partir des explications du patient sur ses peurs que le médecin pourra avancer ses propres arguments en faveur de la vaccination, tout en restant dans une relation empathique et non dans le jugement. Les arguments à évoquer concernent le nouveau vaccin contre la grippe saisonnière en lui-même : comme chaque année, il a été fabriqué selon les recommandations nationales et internationales. Tous les vaccins disponibles contre la grippe saisonnière ont la même composition et ne contiennent plus d’adjuvant. Les lotrs de vaccin H1N1 non utilisés n’ont jamais été récupérés pour faire des vaccins de la grippe saisonnière, c’est une rumeur. Et cette année, tous les lots de vaccins H1N1 ont été brulés, la rumeur n’a donc même plus lieu d’être. Enfin, on rappellera que la vaccination contre la grippe saisonnière reste le moyen le plus efficace de se prémunir de cette grippe qui peut être sévère voire mortelle chez les sujets à risques.
Des attitudes explicatives
Au-delà du spectre du virus H1N1 et des craintes vis-à-vis des adjuvants, certaines rumeurs vont jusqu'à laisser penser que la vaccination ne protège pas de la grippe voire la provoque. « L’attitude explicative du médecin - dans le cadre d’une relation de confiance établie avec le patient au fil des consultations - peut faire contrepoids à ces croyances infondées » évoque le Dr Annie Catu-Pinault. On peut expliquer par exemple la différence entre le virus de la grippe et l'ensemble des virus responsables des syndromes grippaux, donner des chiffres statistiques sur la baisse de mortalité des personnes âgées du fait de la vaccination systématique, etc. Il est utile aussi d'expliquer « que la réaction éventuellement fébrile ou myalgique après la vaccination est la preuve que le corps réagit à cette vaccination en fabriquant des anticorps et qu'il sera prêt ultérieurement en cas de contact avec le virus vivant » rappelle le Dr Annie Catu-Pinault. Enfin, temporiser si nécessaire pour laisser la porte ouverte sur un prochain échange et laisser un peu de temps de réflexion. Car jouer sur l'autorité ou sur les sentiments ne permet pas une véritable adhésion des patients. Il faut les laisser cheminer mentalement et évoluer dans leur propre décision.
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