Selon un article du dernier BEH (1) consacré à la surveillance de cette virose effectuée depuis environ trente ans en France, l'incidence des infections à hantavirus est sous-estimée dans le pays. Au total, une centaine de cas sont officiellement identifiés chaque année, essentiellement dans le quart nord-est du territoire (Ardennes et Avesnois, centre de l’Aisne, sud de l’Oise et massif du Jura). La situation analysée entre 2012 et 2016 est proche de celle rapportée pour les périodes précédentes.
► Les hantavirus (virus ARN simple brin) peuvent être naturellement hébergés chez des rongeurs, musaraignes, chauves-souris et taupes. Certains de ces virus peuvent passer de l'animal à l'homme via l'inhalation d'excreta ou de sécrétions contaminées (suspensions de matières végétales souillées). Ils provoquent alors deux types de syndromes : soit une fièvre hémorragique avec syndrome rénal (FHSR) plus ou moins sévère, causée principalement par des hantavirus européens et asiatiques, soit un syndrome cardiopulmonaire sévère, causé essentiellement par des hantavirus américains.
► Quatre types sont présents en Europe : les virus Puumala (PUUV), Seoul (SEOV), Dobrava-Belgrade (DOBV) et Tula (TULV). Les infections à virus Puumala sont les plus répandues en France. Leur réservoir est le campagnol roussâtre, une espèce forestière de rongeurs. On observe un pic saisonnier, généralement à la fin du printemps mais aussi à l’automne, le tout en rapport avec la dynamique des populations des rongeurs sous l’influence importante des conditions environnementales.
► Parmi les cas détectés d'infection, la majorité sont des personnes actives, et les 3/4 sont des hommes (âge médian 39,5 ans - 11 mineurs en 2012-2016). Les professionnels à risque sont les personnes travaillant dans des zones forestières, ayant des activités domestiques dans des locaux où peuvent séjourner des rongeurs, etc.
► De l’aveu des auteurs de cet article, « l'absence de détection de cas en dehors du nord-est de la France reste une énigme. Il existe un biais dans l'origine géographique des demandes d'examens : plus de 80 % des demandes proviennent de la zone d'endémie. La maladie resterait alors méconnue, ou son diagnostic de laboratoire ne serait pas évoqué en dehors de cette zone, car elle est réputée pour ne pas y sévir. » Les cas dénombrés sont très majoritairement des patients hospitalisés, donc victimes d'infections sévères. « Étant donné leur coût, non pris en charge par l'Assurance maladie, les examens biologiques sont très peu demandés pour des patients non hospitalisés, précisent les auteurs. Et la maladie reste sous-diagnostiquée, au moins dans sa forme bénigne pour laquelle nous n’avons aucune idée de son incidence. »
► Après un délai d’incubation de 15 jours, la symptomatologie s’installe brutalement, avec une fièvre élevée (39,5 °C) évoquant un syndrome grippal. Les troubles visuels fugaces – myopie aiguë – sont très évocateurs. Le syndrome hémorragique est souvent peu important. Le diagnostic est sérologique. La mortalité est de 0,1 à 0,4 %. Le traitement est avant tout symptomatique.
1- Bull Epidemiol Hebd. 2017;(23):492-9.
Étude et pratique
HTA : quelle PA cible chez les patients à haut risque cardiovasculaire ?
Mise au point
Troubles psychiatriques : quand évoquer une maladie neurodégénérative ?
Étude et pratique
Complications de FA, l’insuffisance cardiaque plus fréquente que l’AVC
Cas clinique
L’ictus amnésique idiopathique