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Haro sur les psychotropes.

Publié le 02/11/2012
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Crédit photo : ©PHOTO RESEARCHERS/PHANIE

Tous sur le pont ! Après la HAS qui menait en septembre dernier une campagne de sensibilisation sur les risques des prescriptions trop systématiques de somnifères chez les sujets de plus de 65 ans souffrant de troubles du sommeil (1), c’est au tour de l’INSERM de battre le fer sur le risque des consommations de psychotropes (2) puis de l’ANSM de rappeler aussitôt la nécessité de réduire le mésusage des benzodiazépines (3).

› Engagé à la demande de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT), le rapport de l’INSERM s’est particulièrement intéressé au risque de dépendance que peut entraîner la consommation des psychotropes – du fait de leurs propriétés psychoactives – dans un contexte de consommation chronique ou d’abus.

Ainsi, le rapport pointe une légère augmentation de la prévalence de consommateurs de médicaments psychotropes entre 2005 et 2010, l’augmentation du nombre de consommateurs avec l’âge qui se stabilise vers la cinquantaine, le fait qu’environ 18% de la population des 18-75ans déclarent avoir consommé au moins un médicament psychotrope au cours de l’année 2010 et que les consommateurs sont plus souvent des consommatrices (23 % de femmes versus 13 % d’hommes). Alors qu’en Amérique du Nord, des études en population générale ont montré que 1 à 2% de la population était dépendante des psychotropes, aucun travail de même envergure n’a été mené en France. Seule une enquête menée en population clinique de sujets atteints de troubles psychiatriques suivie en médecine générale, a révélé qu’en France une personne sur deux serait dépendante aux benzodiazépines.

› De son côté l’Ansm rappelle point par point son engagement dans la lutte contre le mésusage des benzodiazépines. L’ensemble des benzodiazépines fait l’objet d’une surveillance continue par les réseaux de pharmacovigilance et d’addictovigilance. La durée maximale de prescription des benzodiazépines anxiolytiques est limitée à 12 semaines et celle des hypnotiques à 4 semaines depuis plusieurs années déjà. En janvier dernier déjà, elle rappelait dans un rapport d’expertise qu’en 2010, 20% de la population a consommé au moins une fois une benzodiazépine. La durée médiane de traitement était de 7 mois et la moitié des sujets traités l’étaient depuis plus de 2 ans. Rappelons que le plan d’actions de l’ANSM prévoit de sécuriser davantage la prescription de ces médicaments via l’extension de leur prescription sur ordonnance sécurisée et la réduction de leur taille de conditionnement.

Toutes ces instances sanitaires ne parlent bienheureusement que d’une seule voix. Mais au risque de devenir cacophoniques, sans qu’on sache de quelle agence émane telle recommandation ou tel rapport.

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Dr Linda Sitruk (fmc@legeneraliste.fr)

Source : lequotidiendumedecin.fr