LA DERMATOLOGIE PÉDIATRIQUE NON FÉBRILE AU CABINET

Publié le 06/12/2019
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Si la structure de la peau du bébé diffère peu de celle de l’adulte, certaines dermatoses lui sont spécifiques. Et nombre d’entre elles guérissent spontanément au cours des premiers mois. Pour autant, il convient de savoir repérer des pathologies à traiter. Focus sur deux dermatoses.

LA PUSTULOSE CÉPHALIQUE BÉNIGNE

Ce nourrisson d'un mois présente depuis deux semaines une éruption érythémateuse, (discrètement) papuleuse, et pustuleuse non fébrile. Elle prédomine au niveau de la tête et du cou et s’étend progressivement à l’ensemble du corps. On observe un léger suintement au niveau des lésions. Aucun facteur déclenchant ni symptôme associé ne sont retrouvés. L’état général du bébé nourri par allaitement mixte est parfaitement conservé, sa croissance est normale.

Le diagnostic est celui d’une pustulose céphalique à malassezia furfur. Cette éruption très fréquente, voire quasi physiologique, survient entre la 3e semaine et le 2e mois (le temps que les micro-organismes prolifèrent). Typiquement, ce sont des papulo-pustules monomorphes du visage, du cuir chevelu et de la partie supérieure du thorax.

→ Le traitement repose sur une toilette au produit lavant (produit lavant doux, typiquement un syndet) avec un antifongique local si besoin (du type Mycoster en crème) à appliquer jusqu’à disparition des lésions.

La surinfection staphylococcique a été traitée par amoxicilline – acide clavulanique.

→ La prévention repose sur une toilette au produit lavant, avec hydratation si peau sèche ou à risque d’atopie. En règle générale, la première chose à faire devant une ou des lésions cutanées, c’est le lavage à l’eau avec un produit lavant. La peau des bébés n’est pas si fragile.

→ Diagnostics différentiels

– L’impétigo est fait d’éléments mieux limités, croûteux, parfois bulleux, non pustuleux ; il prédomine dans les régions péri-orificielles.

– L’eczéma survient généralement volontiers plus tardivement, et est associé à une xérose cutanée.

– La candidose cutanée du nourrisson démarre en général au niveau du siège. Elle est faite d’éléments pustuleux confluents responsables d’une desquamation fine rapide en collerette périphérique.

L’ECZÉMA NUMMULAIRE

Ce nourrisson de 5 mois en pleine forme est amené en consultation en raison de plaques arrondies, squamo-croûteuses, nummulaires, plus ou moins bien délimitées qui évoluent depuis 2 à 3 mois. L’examen retrouve des vésicules rompues sur certaines lésions (photos 1 et 2). L'état général est bien conservé, en dépit de nuits parfois difficiles car le bébé dort mal.

→ L’eczéma nummulaire se caractérise par la présence de plaques arrondies bien délimitées. Les lésions prédominent sur les membres, s’étendent parfois aux fesses ou au tronc. Les lésions sont recouvertes de vésicules et de croûtelles liées au suintement dans la forme aiguë, de squames dans la forme chronique.

Cette pathologie dermatologique est bénigne. Son origine n’est pas allergique, le régime alimentaire doit être poursuivi normalement.

→ Le traitement est symptomatique. Il est généralement très efficace pour permettre de passer le cap de l’âge auquel il s’exprime. Les lésions nummulaires sont plus longues à blanchir que les atteintes classiques.

Le traitement repose d’abord sur l’hygiène (toilette à l’eau et au savon doux, typiquement syndet).

Les émollients les plus gras possible sont indispensables, y compris en dehors des poussées car ils permettent d’en diminuer l’intensité.

Les dermocorticoïdes d’activité forte (du type flixovate ou diprosone) doivent être appliqués une fois par jour en quantité nécessaire et suffisante pour recouvrir la totalité des plaques, sans pour autant appliquer de couche épaisse. Et ce jusqu’à disparition des lésions.

Les antihistaminiques sont inutiles. Le petit patient doit être revu rapidement pour s’assurer de l’amélioration des lésions.

→ Les diagnostics différentiels (photos 3, 4 et 5)

– L’impétigo (voir cas clinique 1)

– Le lupus est fait d’éléments arrondis inflammatoires, atrophiques discrètement squameux, non prurigineux.

– La dermatophytie est le diagnostic différentiel le plus difficile à faire. L’évolution des lésions est centrifuge, on observe davantage de vésicules en périphérie qu’à l’intérieur des lésions. On note un aspect de cicatrisation centrale. Comme si la périphérie était plus active que le centre des lésions.

Dr Olivia Boccara (dermatologie, hôpital Necker-Enfants malades, Paris) et Dr Thibault Puszkarek (médecin généraliste, Locronan, CNGE)

Source : lequotidiendumedecin.fr