Simon, 7 ans, vient en consultation pour hyperthermie présente depuis 48 heures. Elle est associée à une éruption maculeuse sur les deux joues (cliché 1) et à des myalgies. Le père est très inquiet, pas seulement pour la fièvre éruptive de son enfant mais aussi parce que son épouse est enceinte. Il demande à avoir des recommandations pour éviter une contamination de sa femme, et permettre à son fils d’être pris en charge correctement. Compte tenu de la symptomatologie et de la localisation de l’éruption, nous avons posé le diagnostic de mégalérythème épidémique ou 5e maladie.
INTRODUCTION
Le mégalérythème épidémique est fréquent chez les enfants (généralement entre 5 et 10 ans) en collectivité. On l’observe le plus souvent l’hiver ou au printemps. L’agent à l’origine de cette fièvre éruptive est un parvovirus B19. La transmission s’effectue par le biais des particules de salive, ou suite à un contact avec du sang.
SYMPTOMATOLOGIE ET DIAGNOSTIC
Après une phase d’incubation comprise entre une et deux semaines, des prodromes peuvent survenir avec : hyperthermie (15 à 35 % des cas), myalgies, pharyngite, arthralgies, troubles digestifs (diarrhée surtout), céphalées.
Par la suite, un exanthème souvent prurigineux se développe en plusieurs phases :
• Des lésions érythémateuses (rouge vif) maculeuses sur les deux joues donnant un aspect de souffleté ou de gifle. En parallèle, il existe un énanthème au niveau du palais et du pharynx, et la présence d’adénopathies au niveau occipital. Cette phase dure au maximum 5 jours.
• Puis, un et deux jours après cette éruption, on note des macules sur les bras, avant-bras, jambes, fesses. La totalité du corps peut être concernée par cette éruption, excepté la paume des mains et la plante des pieds.
• Le mois suivant l’exanthème, il peut exister une alternance de lésions maculeuses, papuleuses, fréquemment confluentes, qui ont souvent un aspect annulaire. Cela donne une forme de carte de géographie ou de dentelle (surtout sur la zone de flexion des bras, au pli du coude).
La contagiosité de l’enfant disparaît dès que l’exanthème est objectivé.
Durant les mois suivant la contamination, il peut se produire une réactivation de l’exanthème (à l’occasion d’une exposition solaire prolongée, d’un bain très chaud, ou suite à un exercice physique intense).
Enfin, il ne faut pas oublier que dans 50 % des cas, cette virose est asymptomatique.
Le diagnostic est avant tout clinique. Cependant, en cas de doute diagnostique, surtout chez un enfant ayant un problème hématologique ou chez la femme enceinte, il est important d’effectuer une sérologie (détection des IgM), qui permet le premier mois de confirmer ce diagnostic.
COMPLICATIONS
Elles sont de plusieurs ordres :
• Les manifestations articulaires (arthrites) touchent le plus souvent les adultes, préférentiellement les grosses articulations, mais aussi les mains. Ces manifestations disparaissent généralement quelques mois après la contamination, voire une ou deux années après.
• Les jeunes patients ayant des pathologies hématologiques (drépanocytose ou thalassémie) ont des risques d’aplasie, surtout au début des manifestations cliniques, le parvovirus agissant sur les précurseurs médullaires des érythrocytes.
• Chez les femmes enceintes, une anasarque fœtoplacentaire favorisée par l’anémie due au parvovirus induirait dans 5 % une mort du fœtus in utero.
PRISE EN CHARGE
Des traitements symptomatiques (antipyrétiques surtout : paracétamol) sont recommandés.
La prévention est le facteur le plus important à mettre en avant dans ce contexte :
• Centrer l’action sur l’hygiène au sein de la cellule familiale (lavage des mains, utilisation de mouchoirs à usage unique jetés dans la poubelle après utilisation…).
• L’éviction scolaire n’est pas un impératif car le plus souvent, le diagnostic est posé suite à la découverte de l’exanthème. Or à cette période, l’enfant n’est plus contagieux pour son entourage.
• Dès le diagnostic posé chez un enfant, il est important de prévenir les différentes personnes ayant été en contact (patients ayant une pathologie hématologique ou femmes enceintes) pour éviter toute contamination, qui peut avoir des conséquences sur leur santé ou celle du futur nouveau-né.
Bibliographie
1 - Bessis D. Manifestations dermatologiques des maladies infectieuses, métaboliques et toxiques. Ed. Springer 2008.
2 - Mancini AJ, Krowchuk DP. Dermatologie de l’enfant. Ed Elsevier Masson 2019. Bayliss
3 - Mallory S, Bree A, Chern P. Dermatologie pédiatrique. Ed. Elsevier 2008.
Cas clinique
Le prurigo nodulaire
Étude et pratique
HTA : quelle PA cible chez les patients à haut risque cardiovasculaire ?
Mise au point
Troubles psychiatriques : quand évoquer une maladie neurodégénérative ?
Étude et pratique
Complications de FA, l’insuffisance cardiaque plus fréquente que l’AVC