Assurer à une personne une bouche en bon état, c’est lui permettre de communiquer, ce qui devient particulièrement difficile avec une bouche desséchée ou « sale », c’est lui permettre de s’alimenter avec le moins de difficultés possibles et en gardant le goût des aliments, et lui éviter des douleurs (2). « Mais en France, regrette Annie Petrognani, nous n’avons pas le reflexe culturel de faire ouvrir la bouche, ce qui a été démontré par l’Union européenne de santé bucco-dentaire, pourtant sans ce reflexe, il n’y a pas de soins de bouche puisqu’il n’y a pas de bouche ouverte, tout simplement. »
Deux critères sont essentiels pour apprécier l’état de la bouche :
- Y a-t-il de la salive ? Est-ce de la vraie salive, c'est-à-dire transparente, pas collante ? Si la salive est insuffisante ou si elle n’est pas de bonne qualité, on est dans le cas d’une bouche sèche
- Est ce que les muqueuses sont roses ? Toute personne ayant un bon état buccal a des muqueuses roses, si elles sont brunâtres ou rouges ou noirâtres, il s’agit d’une bouche « sale » ou mycosique.
LA BOUCHE SECHE
La muqueuse peut être sèche, mais il peut aussi persister une certaine sécrétion salivaire qui est alors épaisse, mousseuse, collant à l’abaisse langue. Pour soigner une bouche sèche, il faut :
- utiliser du bicarbonate, maintenant commercialisé directement sous une forme « buccal », ce qui évite de demander une préparation. Si le patient en est capable, il utilise le bicarbonate en gargarismes, sinon, on lui badigeonne l’intérieur de la bouche.
- Puis, appliquer un corps gras sur la langue, l’intérieur des joues, le palais, pour remplacer le lubrifiant que ne contient plus la salive, à ce titre le Lansoyl est très simple d’utilisation. Le Bioxtra, gel humectant, peut aussi être utilisé mais après avoir bien vérifié que la muqueuse est rose donc sans enduit. Son coût est plus élevé.
Si le patient en est capable, il peut effectuer ces soins de bouche autant de fois qu'il le souhaite, il n'y a pas de doses maximum. Pour les patients dépendants, tout dépend du nombre d'intervenants qui passent à domicile et de l’implication de l’entourage (1). Bien informés et pas trop anxieux, les membres de la famille peuvent accepter de participer à ces soins.
- Donner à boire de l'eau de Vichy, sauf si son taux élevé en sodium la contre-indique, eau qui contient le plus de bicarbonate et conseiller de sucer des pastilles Vichy.
- Rappeler au patient comme aux soignants la nécessité du brossage des dents et du nettoyage de la prothèse.
- Les pulvérisations avec un brumisateur aident à l’humidification mais il faut se méfier des fausses routes possibles et toujours pulvériser en diagonale.
Les préparations commerciales de « salive artificielle » et les stimulants de la sécrétion salivaire ne démontrent pas d’efficacité réelle dans ces situations.
BOUCHES AVEC MUQUEUSE SALE
Si les muqueuses ne sont pas roses, cela signifie qu’elles sont recouvertes d’une pellicule ou croûte qui tapisse la muqueuse, cette pellicule pouvant parfois s’avérer très épaisse. « Devant une muqueuse rouge, ou brunâtre, le premier objectif, insiste Annie Petrognani, c'est de retrouver une muqueuse rose, pour cela, il est nécessaire de « nettoyer » »:
- L'ananas est efficace pour les patients conscients qui en sucent des morceaux sans avaler les fibres, en s’assurant au préalable de l’absence d’aphte.
- Le coca cola est un excellent décapant en bains de bouche ou en application locale avec grattage de la langue. Il est très accessible mais d’usage limité, du fait que souvent à ce stade, les patients ne sont plus à même d'assumer eux-mêmes ces soins.
- L'eau oxygénée, à la dose d’une cuillerée dans un demi-verre eau tiède, possède un effet mécanique de nettoyage, de détersion. On tamponne l’intérieur de la bouche, ce qui va faciliter l’ablation de la pellicule qu’il faut parfois à enlever à la pince. Attention, l’eau oxygénée doit être préparée juste avant son emploi et ne s'utilise que pour le décapage ; dès que la muqueuse est redevenue rose, on revient au bicarbonate et au lubrifiant.
- Le mélange classique de bicarbonate et d’antifongique ne doit plus se voir. Ce mélange, peu efficace en prévention, favorise les résistances.
- Les solutions alcoolisées sont à proscrire, elles ont un effet astringent qui hyperstimule les glandes salivaires puis les épuise, provoquant un assèchement de la bouche (4). Deux solutions non alcoolisées sont utilisables: l'Alodont et le Paroex, qui ont un effet rafraichissant pour les patients se plaignant d’avoir un mauvais gout dans la bouche (chimiothérapie, atteintes neurologiques).
-› En cas de mycose, un antifongique est nécessaire (amphotericine B, fluconazole). C’est fréquent, l’acidose buccale habituelle chez les malades neurologiques ou cancéreux favorise la mycose.(3)
-› Une bouche qui saigne doit amener à vérifier l’absence de trouble hématologique. Le saignement étant habituellement lié au décollement des croutes, il suffit de tamponner immédiatement après avec une solution de mèches homéostatiques (Coalgan, Urgosorb) que l’on aura préalablement fait fondre.
-› Les aphtes Souvent présents, les aphtes sont une source de douleur importante qui peut être soulagée par des tamponnements avec de l’Ulcar ou un bâtonnet humide imprégné d’Aspégic.
-› Certaines bouches très douloureuses notamment en cas d’ulcérations buccales (radiothérapie ORL par exemple) justifient une prémédication une heure avant les soins de bouche avec de la morphine injectable à tamponner localement. La xylocaïne visqueuse peut aussi être utilisée mais avec une grande prudence compte tenu du risque de paralysie du carrefour.
Cas clinique
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