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Seniors : toujours trop d'hypnotiques et de benzodiazépines

Publié le 28/09/2012
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Crédit photo : ©MAY / BSIP

C'est un véritable appel à la modération que lance la HAS aux prescripteurs et aux seniors consommateurs de somnifères et de benzodiazépines en général. Surconsommation, prescriptions inutiles, et voilà la France en tête des pays européens consommateurs de somnifères. Près d'un tiers des plus de 65 ans et près de 40 % des plus de 85 ans ont régulièrement recours à ce type de molécules, et plus de la moitié de ces traitements ne serait pas appropriée (1). L'occasion de rappeler que les modalités d'arrêt des benzodiazépines (BZD) et médicaments apparentés (zopiclone, zolpidem) chez les plus de 65 ans ont fait en 2007 l'objet de recommandations de la part de la HAS (2).

› Ainsi, devant toute demande de renouvellement et à tout patient âgé traité quotidiennement depuis plus de 30 jours, le médecin doit proposer l'arrêt des BZD. L’objectif de la démarche est l’arrêt de la consommation de BZD, mais l’obtention d’une diminution de posologie est déjà un résultat positif.

› En accord avec le patient et afin d'éviter la survenue d'un syndrome de sevrage, d'un effet rebond ou d'une rechute, l’arrêt doit être progressif. En ambulatoire, la vitesse de décroissance de la posologie doit être adaptée à chaque patient. L'arrêt peut habituellement être conduit sur une durée de 4 à 10 semaines, mais plusieurs mois peuvent être nécessaires lorsque le patient reçoit une BZD depuis une longue durée ou que les posologies sont élevées. Par exemple, la réduction de dose peut être de l'ordre de 25 % la première semaine. Mais ce taux de réduction peut être plus faible dans certaines situations : tentatives d'arrêt antérieures ayant échoué, consommation d'alcool, dépression, insomnie chronique, trouble anxieux caractérisé.

›Au début de l’arrêt, il est proposé de réaliser une consultation de suivi une semaine après la première diminution de dose, puis à chaque diminution, soit toutes les 2 à 4 semaines lorsque la réduction de la posologie se fait sans difficulté. Le mieux est de programmer des consultations dédiées à l'arrêt des BZD. Elles permettent d'évaluer l'adhésion du patient au protocole, de rechercher les symptômes liés à l'arrêt ainsi qu'une éventuelle augmentation de la consommation d'alcool, de tabac, ou d'autres substances psychoactives. La récupération des BZD non utilisées peut permettre de titrer la réduction de la posologie. En cas de symptômes liés à l'arrêt, on peut ralentir la vitesse de réduction des doses ou allonger la durée des paliers quitte à revenir à la posologie précédente si les symptômes sont importants.

› Après l'arrêt, une consultation doit être réalisée 3 à 7 jours après la dernière prise. Par la suite, les 6 premiers mois après l'arrêt des BZD constituent la période la plus à risque de reprise du médicament, et le suivi régulier garde toute son importance.

› Cette démarche d'arrêt des BZD peut avantageusement être incluse au sein d'une intervention brève, cette stratégie s'étant montrée efficace pour réduire la consommation chez le sujet âgé à court et à long terme.

1 - HAS. Questions / Réponses. Troubles du sommeil : stop à la prescription systématique de somnifères chez les personnes âgées. 25 septembre 2012.

http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2012-09/que…

2 - HAS. Modalités d’arrêt des benzodiazépines et médicaments apparentés chez le patient âgé. Recommandations. Octobre 2007.

http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/recommandat…

Dr Pascale Naudin-Rousselle

Source : Le Généraliste: 2615