Repère patients

Traiter une tendinopathie

Publié le 23/09/2016
Article réservé aux abonnés

La tendinite traduit un processus d'inflammation rencontré au cours de certaines pathologies (maladie des calcifications tendineuses multiples en poussée) ou dans des localisations articulaires particulières des rhumatismes inflammatoires chroniques.

tendon

tendon
Crédit photo : DR

J'EXPLIQUE

> Le terme fréquemment utilisé de tendinite n'est pas adapté, dans l'immense majorité des cas, à une pathologie qui est le plus souvent d'origine mécanique. Il faudrait plutôt parler de tendinopathie ou de tendinose

> Les tendons, leurs gaines et les bourses séreuses associées sont très exposés à la pathologie traumatique et microtraumatique, d'où leur extrême fréquence. Il s'agit d'une pathologie couramment rencontrée en milieu professionnel (trouble musculo-squelettique ou TMS) et dans la pratique sportive.

> Le tendon est exposé dans certaines zones anatomiques à risque comme les poulies ou les insertions osseuses (enthésopathie).

> Les motifs les plus fréquents de consultation sont les tendinopathies épicondyliennes, de l'épaule et de l'arrière-pied (tendon d'Achille).

J'INFORME

> Le principal symptôme de la tendinopathie est la douleur. La douleur est le plus souvent de type mécanique, déclenchée par le mouvement, mais une recrudescence au repos ou la nuit est possible.

> Il faut rechercher des circonstances déclenchantes comme un traumatisme aigü, un mouvement répétitif dans l'activité professionnelle ou sportive.

> Le mouvement passif de l'articulation est conservé et indolore. Par contre, la mobilisation contre résistance ou l'étirement du tendon reproduit la douleur spontanée.

> L'interrogatoire et l'examen clinique sont le plus souvent suffisants au diagnostic et à la prise en charge.

> Dans les formes résistantes ou atypiques, un bilan biologique inflammatoire, des radiographies et surtout une échographie peuvent être utiles.

JE PRESCRIS

> Dans tous les cas, les mesures préventives sont essentielles : installation au travail, éviction des mouvements traumatisants, amélioration du matériel sportif et de la technique.

> Le repos articulaire complet ou relatif doit être conseillé.

> Les antalgiques et les anti-inflammatoires non stéroïdiens peuvent être utiles dans les formes aiguës.

> Les traitements locaux ne doivent pas être négligés : application de patchs ou gels anti-inflammatoires, physiothérapie antalgique, cryothérapie.

> La rééducation a toute sa place sous forme de massage, d'étirement tendineux ou de recentrage articulaire en cas de conflit comme au niveau de l'épaule.

> En cas d'échec, une à trois infiltrations de corticoïdes retard peuvent permettre de passer un cap difficile. Les ondes de choc, technique inspirée par la lithotripsie, méritent d'être essayées, surtout s'il existe des calcifications du tendon. La chirurgie est exceptionnellement proposée, surtout s'il y a un contexte professionnel ou médico-légal sous-jacent. 

J'ALERTE

> Le diagnostic de tendinopathie implique de toujours rechercher sa cause.

> Un geste technique incorrect ou un mauvais équipement au cours du sport est souvent responsable.

> De même, dans le milieu professionnel, un mouvement répétitif, une posture inadaptée ou une mauvaise installation du poste de travail doivent être recherchés et corrigées.

Quand l'hypothèse microtraumatique est écartée, il faut s'interroger sur une prise médicamenteuse responsable : stéroïdes anabolisants, corticoïdes, antibiotiques (quinolones).

> Si l'enquête ne retrouve aucun facteur déclenchant, il faut rechercher d'autres causes comme des calcifications tendineuses ou un rhumatisme inflammatoire débutant.

JE RENVOIE SUR LE WEB

www.ameli-sante.fr/troubles-musculo-squelettiques-tms

http://entrainement-sportif.fr/tendinite.htm

 

 

Dr Eric Thomas (PH, département de rhumatologie, CHU Lapeyronie, Montpellier)

Source : Le Généraliste: 2768