Dépression

Une relation thérapeutique à nouer

Publié le 19/02/2010
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Au delà des polémiques autour de la prescription des antidépresseurs, la prise en charge d'un épisode dépressif majeur (EDM) nécessite à la fois d'évaluer la symptomatologie dépressive puis de construire avec le patient une relation thérapeutique, indispensable à un suivi au long cours.

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

« Monsieur B., 35 ans, n'en peut plus de subir la pression du management dans la banque où il travaille. Il ne dort plus et a perdu confiance en lui. Son médecin lui demande de préciser les symptômes qu'il ressent.»

Prendre la mesure de l'épisode dépressif

« Le diagnostic d'un trouble dépressif et l'indication ou non d'un traitement antidépresseur sont posés à l'issue d'un examen clinique systématique et non d'une impression clinique » rappelle l'Afssaps (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé) dans des recommandations sur l'usage des anti-dépresseurs*. Mais cette évaluation est aussi l’occasion d’une rencontre avec le patient qui percevra, à travers les questions posées, l’intérêt porté par le médecin à sa demande. Des questions qui vont déjà permettre d’affirmer le diagnostic de dépression caractérisée (au moins 5 symptômes dépressifs pendant plus de deux semaines), d’évaluer son degré de sévérité (léger, modéré, sévère), de s’enquérir des antécédents dépressifs personnels et familiaux, des comorbidités (alcool, psychose…) et du contexte de vie du patient (réseau de soutien affectif).

Un contrat thérapeutique

Cette première rencontre est essentielle pour la mise en place, entre le médecin et son patient, un contrat thérapeutique qui s’inscrira dans le temps. « Il est indispensable d’informer les patients afin d’améliorer leurs connaissances sur leurs troubles dépressifs et sur les propriétés du traitement médicamenteux » poursuit l'Afssaps dans ses recommandations. Cette information du patient, qui s’inscrit dans le cadre du contrat thérapeutique, lui permettra de patienter avant l’apparition des effets bénéfiques de son traitement médicamenteux, de repérer les signes précoces d’une rechute dépressive, et de signaler les effets secondaires potentiels. Enfin dans le cadre du sevrage médicamenteux en fin de traitement, cette information du patient sur les symptômes habituels du sevrage l’aidera à adapter les changements de posologie en fonction de ces symptômes.

Un suivi au long cours

Le plus souvent l’accompagnement du patient par son médecin traitant est suffisant pour assurer le soutien psychothérapique nécessaire au traitement d’une dépression caractérisée. Un soutien qui s'appuie sur une attitude empathique du médecin, sans neutralité ou implication émotionnelle excessive, sur de la réassurance quant au caractère pathologique mais curable de son trouble et sur des explications déculpabilisantes concernant l'évolution d'une dépression. Mais s'il se manifeste une problématique relativement complexe à élaborer, le rôle du médecin généraliste consiste alors à préparer le patient dépressif à « l’adresse » au psy en lui proposant de suivre une psychothérapie plus structurée de type thérapie cognitivocomportementale (TCC) chez un psychothérapeute. Une psychothérapie qui est complémentaire du suivi médical par le médecin traitant dans le cadre d’une cothérapie.

* Médicaments antidépresseurs dans le traitement des troubles dépressifs et des troubles anxieux de l’adulte, AFSSAPS, novembre 2006,
Dr Jean-Pierre Rageau

Source : Le Généraliste: 2515