Vaccin contre la grippe

Vaincre les réticences

Publié le 21/01/2011
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Malgré la campagne de vaccination menée contre la grippe, des réticences sont toujours présentes chez des certains patients qui pourraient pourtant tirer bénéfice d’une vaccination. Mais la vaccination de masse contre le H1N1 est passée par là l'an dernier, réactivant des peurs latentes vis-à-vis des vaccins en général.

"MmeG., 67 ans, obèse, refuse de se faire vacciner contre la grippe, comme lui propose son médecin. Elle a entendu dire qu'il contenait le virus H1N1 et comporte des risques…"

Des réticences à écouter

Avec le fiasco de la vaccination de masse contre la grippe A/H1N1 de l'hiver dernier, les patients sont plus nombreux que les autres années à être réticents à se faire vacciner. Le taux de vaccination contre la grippe saisonnière est de 54 % à ce jour chez les sujets à risques selon le Groupe d'Expertise et d'Information sur la Grippe (GEIG). Face à ces réticences, il est important tout d'abord d'identifier les sources de ces freins et de ces croyances pour en estimer la valeur et le poids. Quelles rumeurs circulent et de qui émanent-elles ? Quelle est la part de responsabilité de la vaccination contre la grippe A/H1N1 dans ces freins et ces croyances ? Autant de questions qui permettront au médecin de comprendre les doutes et ainsi mieux percevoir les représentations mentales des patients vis-à-vis de cette vaccination.

Partir des représentations

C'est à partir de ces représentations que le médecin pourra avancer ses propres arguments en faveur de la vaccination en restant dans une relation empathique et non dans le jugement. Le nouveau vaccin contre la grippe saisonnière a été fabriqué comme chaque année selon les recommandations nationales et internationales. Le virus H1N1 inclus dans ce nouveau vaccin fait partie de ces recommandations. Tous les vaccins disponibles contre la grippe saisonnière ont la même composition et ne contiennent pas d’adjuvant à l’exception de GRIPGUARD(r), indiqué chez les personnes de 65 ans et plus. Enfin, on rappellera que la vaccination contre la grippe saisonnière reste le moyen le plus efficace de se prémunir de cette grippe qui peut être sévère voire mortelle chez les sujets à risques.

Des attitudes explicatives

Au-delà du spectre du virus H1N1 et des craintes vis-à-vis des adjuvants (qui n’ont donc plus lieu d’être étant donné la disparition des adjuvants des vaccins), certaines rumeurs vont jusqu'à laisser penser que la vaccination ne protège pas de la grippe voire la provoque. Ce qui peut donc faire un contrepoids à des croyances aussi irrationnelles, c'est la relation de confiance tissée au fil des consultations entre le médecin et son patient qui donnera ainsi du crédit aux attitudes explicatives du médecin. Expliquer la différence entre le virus de la grippe et l'ensemble des virus responsables des syndromes grippaux, donner des chiffres statistiques sur la baisse de mortalité des personnes âgées du fait de la vaccination systématique, sont des attitudes susceptibles de réduire les réticences des patients vis-à-vis de la vaccination.

Temporiser si nécessaire

Mais si les patients bloquent malgré l'écoute, les attitudes explicatives et la relation de confiance établie avec le médecin, il faut alors laisser la porte ouverte sur un prochain échange pour laisser un peu de temps de réflexion, tout en considérant le fait que la campagne de vaccination s’achève le 31 janvier. Mais jouer sur l'autorité ou sur les sentiments ne permet pas une véritable adhésion des patients. Il faut les laisser cheminer mentalement et évoluer dans leur propre décision.


Source : lequotidiendumedecin.fr