A l’occasion de la Journée de lutte contre les violences faites aux femmes du 25 novembre, le gouvernement a décidé de doubler les moyens consacrés à la lutte contre ces violences, avec notamment des mesures visant à favoriser les plaintes et à améliorer le recueil de preuves en cas de viol. Outre les mesures destinées au grand public, un volet formation des soignants est prévu.
Une thèse de médecine générale récemment soutenue par le Dr Mathilde Palisse (université Paris Descartes) et dirigée par le Dr Gilles Lazimi (Romainville), sur le repérage par le généraliste des violences sexuelles faites aux femmes, a rappelé que plus de 80?% des femmes trouveraient normal d’être interrogées sur les violences sexuelles qu’elles peuvent avoir endurées.
› En France, près d’une femme sur cinq subit au cours de sa vie une violence sexuelle. Pourtant, seules 8% des victimes de viols ou de tentatives de viol en parlent à leurs médecins. Ceux-ci n’interrogent que très peu leurs patientes de peur d’être intrusifs et de s’immiscer dans leur vie privée.
› L’objet de l’étude publiée dans cette thèse fut d’interroger les patientes afin d’évaluer l’acceptabilité d’un repérage systématique des violences sexuelles. Pour cela, un questionnaire a été proposé par 13 internes à 145 patientes consultant dans 19 cabinets de médecine générale de la région Ile-de-France.
34 femmes ont subi des violences sexuelles, plus de 2/3 d’entre elles (23 femmes) n’en avaient pas parlé auparavant. Parmi ces dernières, 13 auraient souhaité que leur médecin leur pose la question. Une très large majorité des femmes (victimes ou non) ont une opinion favorable sur le dépistage : 81% pensent qu’il peut aider les femmes à en parler et 53% qu’il devrait être plus systématique.
› Ce type de violences n’est pas sans conséquences sur la santé à court et long terme, tant du point de vue psychique (33% des femmes violentées souffrent de troubles psychiatriques versus 6%) que physique. Les plaintes somatiques chroniques les plus fréquemment retrouvées selon une méta-analyse parue en 2008 dans le JAMA sont des douleurs chroniques non spécifiques, des troubles fonctionnels intestinaux et des douleurs pelviennes chroniques. Et une autre étude menée auprès de
145 femmes dans un service d’urgence rapporte que le fait d’avoir subi des violences dans l’enfance ou à l’âge adulte augmente la consommation alcoolique ainsi que l’abus de substances addictives.
› En 2000, l’Ordre des médecins a adressé un fascicule aux médecins leur recommandant de rechercher la présence de violences sexuelles devant un certain nombre de symptômes : troubles somatiques chroniques (céphalées, insomnies, douleurs digestives, pulmonaires ou dorsales)?; troubles psychologiques (sentiment de dévalorisation, dépression, anxiété, abus d’alcool ou de psychotropes, tentatives de suicide)?; troubles gynécologiques (métrorragies, douleurs pelviennes, leucorrhées, troubles sexuels avec perte de libido, frigidité, dyspareunie).
1- Palisse M. Repérage par le médecin généraliste des violences sexuelles faites aux femmes : le point de vue des patientes. Thèse pour le diplôme d’Etat de Docteur en Médecine. Faculté Paris Descartes. 10 octobre 2013.
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