Le courrier paru dans le Quotidien du 17 décembre (texte du Dr Vincent Lebrun) intitulé « Intérimaire par défaut » est un constat lucide et vrai sur certains dysfonctionnements de l’hôpital public. Après 12 ans de médecine de campagne, j’ai exercé la fonction de médecin-conseil à une époque où nous contrôlions les services hospitaliers, y compris les budgets, et on pouvait constater que les problèmes de fonctionnement et de budget étaient proportionnels aux dimensions de l’hôpital et que les 35 heures ont été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
Quand on comparait le public et le privé, la production des actes en nombre et fréquence était en faveur du privé avec une durée de séjour bien moindre pour des pathologies et âges comparables. Comme le dit le Dr Lebrun dans son courrier, on ne peut pas dire que les praticiens publics ont tous des rythmes effrénés !
Le problème de l’hôpital public comme du service public en général, c’est qu’il est coûteux et non efficient. Les 35 heures et la protection sociale, quoi qu’il arrive, ne poussent guère à la performance… Le passage aux 39 heures pour les personnels soignants et la réintégration des praticiens hospitaliers dans un système libéral pour plus d’implication et de performance permettraient économie de frais du personnel et efficience.
Cela reste vrai pour tous les secteurs, qu’ils soient privés ou publics. La France n’ayant pas de ressources naturelles, il nous faut produire davantage et au moindre coût. Difficile de s’en sortir en travaillant peu ou de moins en moins… On ne parle que de pénibilité au travail alors qu’en 70 ans elle a chuté de façon vertigineuse, y compris chez les manuels, et que les heures et jours de travail n’ont jamais été aussi bas.
Le problème c’est que cette « flemme » est devenue contagieuse, y compris chez les internes et les étudiants en médecine qui veulent aussi travailler 35 heures et choisissent leur installation en conséquence. Le collectif est passé au second plan au nom d’un égocentrisme exacerbé fruit de l’individualisme généralisé.
Quant au slogan des syndicats hospitaliers « Sauvons l’hôpital », c’est eux-mêmes, en se retroussant les manches, qui peuvent le sauver et non des budgets supplémentaires qui tomberont dans le gouffre sans fin des dépenses hospitalières aggravant chaque jour la dette française.
Vous souhaitez vous aussi commenter l'actualité de votre profession dans le « Quotidien du Médecin » ? Adressez vos contributions à jean.paillard@lequotidiendumedecin.fr .