Si l’hôpital public a « tenu » depuis le début de la crise sanitaire, c’est en grande partie grâce à notre système hospitalo-universitaire « capable de fonctionner sur ses deux pieds, le pied "H" qui permet d’adapter l’organisation hospitalière et le pied "U" qui permet de produire des recommandations adaptées aux circonstances très rapidement », a loué vendredi Olivier Véran, lors des assises hospitalo-universitaires, organisées à Lille pendant deux jours.
Regard plus médical sur les investissements
Accusé parfois de déni de réalité par les syndicats et collectifs hospitaliers, le ministre de la Santé a affiché compréhension et empathie. « Je n’ignore rien des difficultés auxquelles vous faites face aujourd’hui, je ne les élude pas, je ne les esquive pas », a-t-il plaidé, reconnaissant l’existence du « malaise » de l’hôpital public. Et de marteler son ambition de « relever l’hôpital public », même si « les solutions miracles n’existent pas ».
L'État n'est pas resté « les bras ballants », oppose-t-il à ses détracteurs. Et de défendre à nouveau le Ségur de la santé qui, au-delà des « montants historiques » alloués, correspond à « un changement profond de méthode et une déconcentration importante », avec notamment la création du Conseil national de l’investissement en santé présidé par le Pr François René Pruvot. Ce nouveau paradigme doit offrir « un regard plus médical sur les projets et un accompagnement par des experts très en amont dans la genèse de vos projets pour ne plus vivre cet effet couperet que vous pouviez connaître 2 à 3 ans après le début de votre projet », a défendu le ministre devant les hospitalo-universitaires.
La filière HU toujours « attractive »
Comme s’il désirait désamorcer les critiques, le neurologue a affirmé que la filière HU restait « attractive », contrairement aux conclusions d'une récente enquête de Jeunes Médecins. Pourquoi ? Tout simplement parce que « le nombre de candidats est toujours important ». Et d’ajouter qu’il s’était engagé, lors du Ségur, à créer 250 postes d’enseignants universitaires pour des praticiens exerçant en ville comme à l’hôpital afin de « donner des perspectives d’attractivité importantes pour les plus jeunes ».
Toujours sur la question de l'attractivité des carrières HU, jugée insuffisante, le ministre a promis la publication imminente de textes réglementaires. Il a mentionné le décret dit « statut unique » entre les HU de médecine, de pharmacie et d’odontologie, ainsi que le décret sur les nouvelles grilles indiciaires, dont l’objectif est d’améliorer la rémunération, « notamment en début et fin de carrière des MCU et PU-PH ».
Imbroglio sur les retraites
Autre chantier sensible abordé : le calcul des retraites des hospitalo-universitaires. Dans un avis publié en juin, l’Académie de médecine rappelait que les HU ne percevaient leur retraite que sur leur activité universitaire et non pas sur la part hospitalière qui représente pourtant « plus de 50 % de l’activité ». Les sages avaient milité pour que les activités hospitalières entrent dans le calcul de la retraite : indemnités de gardes, astreintes, primes d’exercice… Las, les mesures d’attractivité proposées par le gouvernement avaient déçu les syndicats de la filière.
Lors des assises HU, Olivier Véran a estimé avoir fait un premier pas avec l’augmentation du taux de cotisation possible aux comptes épargne retraite (inscrite dans le budget de la Sécu). Quant à la demande récurrente d’intégrer l’ensemble des éléments de rémunération dans l’assiette de la retraite des HU (notamment la part hospitalière), le ministre a renvoyé à « une réforme plus globale du système de retraite des Français ».
Conserver le modèle de 1958
Sur le volet « recherche », Olivier Véran a évoqué le résultat de l’appel à projets « recherche hospitalo-universitaire en santé » qui vise à soutenir des projets innovants et de grande ampleur dans le domaine de la santé. Au total, 17 projets ont été retenus avec un soutien de 142 millions d’euros du gouvernement. « Vous le voyez, nous sommes au rendez-vous pour soutenir la recherche en santé », s’est félicité le ministre.
Pour accompagner la réforme des études de santé, qui doit donner une place accrue à la simulation dans les formations, Olivier Véran a vanté le déblocage de trois millions d’euros pour financer les équipements en 2021, mais aussi « des crédits importants » dans le cadre de la réforme du deuxième cycle. Il est également revenu sur la création de 8 sites de formations universitaires en odontologie à partir de 2022.
En guise de conclusion, le ministre a célébré le modèle des CHU (issu des ordonnances Debré de 1958), qualifié de « force motrice de l’excellence de notre système de santé ». Hors de question pour Olivier Véran de remettre en cause ce modèle des CHU en lequel il croit « profondément », persuadé « qu’il n’a pas encore produit tous ses fruits, et que nous pouvons aller plus loin dans la triple alchimie du soin, de la formation et de la recherche ».
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