Avalanche de soutiens au directeur du CHU de Guadeloupe, violenté par des antivax

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Publié le 05/01/2022
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Crédit photo : @InfosFrancaises

Nouvelles scènes de violence au CHU de Guadeloupe ce mardi. Assiégés par des militants contre l'obligation vaccinale des soignants, le directeur de l’établissement, Gérard Cotellon, et ses deux adjoints ont dû être exfiltrés par la police, après avoir été enfermés une bonne partie de la journée dans un bâtiment administratif. Une scène comparée à une « mêlée de rugby », selon une source policière qui précise que le véhicule d’une assistante de direction a également été gravement endommagé.

 

 

« J'ai été extrait avec un coup de poing dans les côtes et un énorme coup sur la tête, j'ai perdu connaissance pendant 10 secondes » décrit Gérard Cotellon. « Choqué » également par les événements, son adjoint, Cédric Zolezzi, a indiqué avoir été molesté : « On m'a déchiré ma chemise, j'ai reçu de l'urine sur moi pendant que je courais vers une voiture de police. » La direction a annoncé son intention de déposer plainte.

Une cinquantaine de manifestants était venue réclamer le versement des salaires des agents suspendus, suite à leur refus de se conformer à l'obligation vaccinale. « Nous sommes venus réclamer l'argent que l'on nous doit », a déclaré Gaby Clavier, ancien secrétaire de la branche santé du syndicat UGTG, présent sur les lieux avec les manifestants jusqu'en début de soirée. Et d’arguer que c’est la direction qui fait preuve de violence, envers les personnels non vaccinés, notamment en ne les recevant pas, malgré les demandes de rencontre formulées.

Les autorités ont-elles failli à leur mission ?

Contacté par « Le Quotidien », le Dr Marc Valette, chef du service de réanimation du CHU de la Guadeloupe, observe que « pour toute la communauté médicale, c'est la consternation et l’indignation » depuis hier soir. Il rappelle que les soignants « baignent dans un climat de violence depuis plusieurs mois », tandis qu'un interne s’était déjà fait « tabasser » en septembre dernier.

Selon le médecin guadeloupéen, les soignants sont « blasés » par la succession de communiqués condamnant la violence, car ceux-ci« contrastent avec le sentiment d’être délaissés ». Il considère en effet que « les autorités ont failli à leur mission qui est de sanctuariser le CHU, un endroit où on prend en charge les gens malades et où la politique et la violence n’ont rien à faire. » Mais ce qui est le plus choquant pour le Dr Marc Valette, c’est « qu’on n’est même pas capables de protéger des gens qui sont désignés comme des cibles depuis des mois », sachant que les actions sont en général annoncées, les menaces régulièrement proférées.

Pire encore : ces incidents surviennent à l’heure où le gouvernement a décrété l'état d'urgence sanitaire en Guadeloupe, Guyane, à Mayotte, Saint-Martin et Saint-Barthélemy, des territoires qui, sous l’effet du variant Omicron, ont vu la circulation du Covid-19 connaître une augmentation considérable. Ce regain de violences contribue donc à désorganiser un peu plus l'établissement, dans un contexte où « le taux d'incidence a complètement explosé depuis une semaine en ville », confirme le Dr Marc Valette. « Les patients commencent à arriver de plus en plus dans les services de médecine et aux urgences Covid », ajoute-t-il.

Multiples réactions de soutien

Le ministère de la Santé a condamné ce mercredi avec la plus grande fermeté « ces actes abjects à l’encontre de professionnels mobilisés plus que jamais pour la protection de la santé des Guadeloupéens ». Dans un contexte où plus de 90 % des professionnels soumis à l’obligation sont aujourd’hui vaccinés en Guadeloupe, « ces actes inacceptables, excités par des irresponsables politiques, ne feront en rien reculer les autorités dans leur mission de protection de la population », ajoute le ministère.

Les réactions de solidarité n’ont également pas tardé à pleuvoir aujourd’hui sur les réseaux sociaux. Olivier Véran a apporté son soutien public :

Soutien également de Rémi Salomon, le président de la CME de l’AP-HP : 

 

 

François Crémieux, directeur général de l'Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (APHM) a tweeté :

 

 

Enfin, la présidente de la Conférence des DG de CHRU, Marie-Noël Gérain-Breuzard a estimé que la mise en danger des professionnels de santé était « inadmissible » quelles que soient leurs fonctions, « car ces agressions se produisent justement du fait de ces fonctions qui sont de protéger les populations en délivrant des soins de qualité ». Selon elle, « les comportements délictuels » commis au CHU de Guadeloupe « dépassent totalement le cadre des soins et répondent à des motivations politiques qui ne trompent personne ».

La FHF a également apporté son « soutien plein et entier au directeur et aux équipes du CHU de Guadeloupe dont la capacité à travailler sereinement est indispensable pour assurer le bon fonctionnement du service public ». La crise sanitaire « a montré combien l’action commune des directeurs d’hôpital, des responsables médicaux, présidents de Commissions médicales d’établissements, chefs de pôle, chefs de service, forme une communauté d’action efficace au service de chacun ».

 

 


Source : lequotidiendumedecin.fr