Les Français actifs perçoivent davantage le médecin du travail comme un contrôleur plutôt qu'un conseiller

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Publié le 04/06/2019
medecin du travail

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Crédit photo : S. Toubon

La médecine du travail est-elle mal-aimée ? En matière de santé au travail en tout cas, les Français actifs se montrent suspicieux et ils n'identifient pas le médecin du travail comme leur interlocuteur naturel et immédiat. S'ils souffrent de problèmes de santé liés à leur travail, 82 % d'entre eux se tournent d'abord vers leur médecin traitant, plutôt que vers le médecin du travail. C'est ce qu'illustre un sondage* réalisé par Odoxa pour le Service aux entreprises pour la santé au travail (SEST), dévoilé ce mardi.

Lorsqu'on leur parle de la médecine du travail, l'opinion des Français est plutôt négative. 59 % d'entre eux associent cette spécialité médicale à un « service de contrôle » des conditions de travail dans les entreprises, et 40 % comme un « service de conseil » aux entreprises et aux salariés. D'où leur orientation naturelle et privilégiée vers leur généraliste traitant…

Le résultat est encore plus marqué auprès des ouvriers, plus touchés par les TMS : les deux-tiers d'entre eux voient la médecine du travail comme un service de contrôle. Les cadres en revanche y voient davantage un service de conseil (53 %).

« Ces résultats nous confortent dans la conviction que nous avons un rôle important à jouer en termes de pédagogie, explique Hervé Rabec, directeur du SEST. Une réforme qui consisterait à fondre l’ensemble des services de santé au travail dans une agence nationale (comme le préconise le rapport de la députée Charlotte Lecocq, NDLR) contribuerait à semer encore plus le trouble et la méconnaissance de nos métiers et des spécificités de la médecine du travail. »

Impact économique

Autre enseignement de l'enquête, 58 % des Français actifs souffrent, ou ont déjà souffert, de douleurs ou de troubles musculo-squelettiques (TMS) liés à leur travail (dos, bras, poignet...). Or, ces pathologies représentent plus de 80 % des maladies professionnelles reconnues par le régime général de la Sécurité sociale. Cette situation est « critique », juge Odoxa, qui précise que tous les secteurs d'activité sont concernés, certes de manière inégale.

Les actifs interrogés sont correctement informés sur la santé au travail : 58 % se disent au courant des gestes et mesures préventives à adopter dans le cadre de leur activité, et 55 % sont informés des risques auxquels ils sont exposés dans leur travail (risques de TMS, psychosociaux). « Ces chiffres reflètent un niveau de connaissance plutôt bon, mais il est cependant tout à fait perfectible », indique Odoxa.

Enfin, 80 % des personnes interrogées sont conscientes que l'absentéisme a un impact économique fort sur les entreprises.

* Enquête réalisée du 7 au 9 mai 2019 auprès d'un échantillon de 629 actifs âgés de 18 et plus, représentatifs de la population française.


Source : lequotidiendumedecin.fr