Certification hospitalière, le ras-le-bol : pourquoi des médecins du CHU de Grenoble ont appelé à boycotter cette procédure d'évaluation

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Publié le 24/06/2022
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Crédit photo : S.Toubon

Le boycott de la démarche de certification hospitalière va-t-il faire tache d'huile ? « Prétendre évaluer la qualité des soins dans les conditions dégradées que nous vivons en ce moment, avec des conséquences jamais vues sur la sécurité des soins, est ubuesque, et même insultant pour les personnels », dénonce en tout cas l’appel au boycott de la visite de certification au CHU Grenoble Alpes (CHUGA), qui s’est déroulée du 20 au 24 juin.

À l’appel de plusieurs syndicats et collectifs (CGT, FO, Action praticiens hôpital, Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes réanimateurs élargi, Syndicat national des médecins hospitaliers-FO, collectif inter-hôpitaux, collectif inter-urgences, etc.), un certain nombre de professionnels du CHU ont refusé de participer à la « mascarade » de cette procédure d'évaluation externe. 

En mai déjà, une centaine de médecins du CHU de Limoges avaient lancé un boycott de la certification hospitalière. Spécialiste de médecine interne, le Dr Sylvain Palat s'en était expliqué au « Quotidien ». « À l’heure où la maison brûle, lançait-il, on nous demande si la vaisselle est faite et bien rangée. » 

Voiture sans pneus ni volant

PH en unité de soins intensifs au CHU de Grenoble, la Dr Claire Ara Somohano a elle aussi le sens de la formule. « Dans le contexte actuel, faire une procédure de certification pour évaluer la qualité des soins, c’est un peu comme mesurer la qualité d’injection d’une voiture qui n’a plus ni pneus ni volant. L’urgence est plutôt de réparer les pneus ! ». Selon cette adhérente du SNMH-FO, la visite de certification arrive dans un contexte « archi-dégradé » car « nous n’avons pas assez de soignants et de structures de soins pour prendre en charge les patients correctement, de manière sécurisée ».

De fait, les conditions d’exercice aux urgences et dans les services du CHUGA seraient devenues « intenables » et « indignes » dans un territoire touché par la crise. Depuis novembre, les urgences de l’hôpital de Voiron sont fermées la nuit, plusieurs jours par semaine. Même situation de tension aux urgences du groupe hospitalier mutualiste (GHM) de Grenoble, un établissement de santé privé d'intérêt collectif (Espic). Quant aux urgences du CHU Grenoble-Alpes, elles devraient passer en mode dégradé à partir du lundi 27 juin. La médecin estime donc que cette procédure « hors-sol » est une « provocation ». « On a autre chose à faire que cette certification qui prend du temps et mobilise beaucoup de ressources ».


Source : lequotidiendumedecin.fr