Une nouvelle pratique qui freine la prise en charge ambulatoire ?

Chirurgiens et anesthésistes divisés sur les bienfaits de la RRAC

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Publié le 20/02/2020
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Le monde de l'anesthésie-réanimation s'est ému de propos considérant le développement de la récupération améliorée après chirurgie (RAAC) comme un frein à la pratique ambulatoire.
Des spécialistes de bloc s'inquiètent du « mélange des flux » de patients

Des spécialistes de bloc s'inquiètent du « mélange des flux » de patients
Crédit photo : BURGER/PHANIE

« Partout où la RAAC [récupération améliorée après chirurgie, NDLR] a été priorisée, le taux d'ambulatoire a reculé. » Cette phrase paradoxale, prononcée fin janvier par le Pr Corinne Vons, présidente de l'Association française de chirurgie ambulatoire (AFCA), n'a pas manqué de faire réagir ses confrères anesthésistes-réanimateurs.

En marge des Journées nationales de la chirurgie ambulatoire, le Pr Corinne Vons a disséqué les freins à lever pour se rapprocher du taux de 70 % de chirurgie ambulatoire en 2022 – précisant d'emblée que cet objectif ne serait pas atteint.

Séparer les flux

Parmi ces obstacles, la chirurgienne souligne les effets pervers que peut avoir la RAAC dans certains hôpitaux. Cette démarche de prise en charge facilitant la reprise d’autonomie des patients après une opération provoque parfois un « mélange des flux » de patients qui conduit à un « engorgement » des services ambulatoires, explique le Pr Vons, chirurgien viscéral et digestif à Avicenne (AP-HP). Ces derniers se trouvent ainsi contraints d’adresser des malades (dont l’opération s’est déroulée dans leur bloc) vers un lit d’hospitalisation conventionnelle. Loin de vouloir bannir la RAAC, la patronne de l'AFCA appelle plutôt à une « séparation nette des flux » de patients.

« Cette affirmation est contre-productive et constitue une grave erreur de raisonnement », ont répliqué la Société française d'anesthésie-réanimation (SFAR), le conseil national professionnel d'anesthésie-réanimation (CNP-AR) et le Groupe francophone de réhabilitation améliorée après chirurgie (GRACE). Qui saluent les bénéfices des techniques de RAAC à la fois économiques et en matière de qualité des soins. « Prise en charge ambulatoire et RAAC ne sont pas antinomiques mais complémentaires et correspondent aux mêmes aspirations », clament les trois organisations qui dénoncent une prise de position « incompréhensible par les équipes soignantes médicales et chirurgicales ».

M. D. P.

Source : Le Quotidien du médecin