Le taux d'absentéisme en recul dans les entreprises mais…

6 % des salariés arrêtés pour un syndrome d'épuisement professionnel en 2017

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Publié le 18/06/2018

Près de 4 salariés sur 10 (38 %) ont été arrêtés au moins une fois en 2017, révèle la quatrième grande étude* menée par le cabinet Réhalto auprès de 1 504 salariés et 305 DRH. Ce chiffre est en repli de deux points par rapport à 2016 et permet de retrouver l'étiage de 2015.

Après trois années de progression constante, le nombre moyen de jours d'arrêt par salarié diminue également (11,6 jours contre 14,2 un an plus tôt). Du coup, le taux d'absentéisme dans les entreprises – qui mesure le rapport entre le total des journées d'absence et le nombre de jours calendaires – recule lui aussi à 3,2 % (contre 3,9 % en 2016). « Cette baisse sera à confirmer l'année prochaine, tempère le président de Réhalto Christian Mainguy. Nous la lions pour le moment au cycle économique qui s'est amélioré en France, il faudra voir comment cela évolue. »

Le taux d'absentéisme est plus fort chez les 40-49 ans (3,9 %), les ouvriers (5,2 %), et dans le secteur de la construction (4,6 %). Les contraintes extérieures pèsent lourd : l'absentéisme est nettement plus élevé chez les salariés qui ont un enfant à charge, sont aidants naturels d'un parent et habitent à plus d'une heure de transport.

Autre enseignement : dans les entreprises proposant une pratique du télétravail (régulière ou occasionnelle), le taux d'absentéisme est moindre que dans celles qui n'en proposent pas. Un impact qui joue uniquement sur « le micro-absentéisme », le salarié pouvant travailler chez lui le jour qui lui convient. 

Une fois encore, l'étude illustre la réticence des salariés à stopper facilement leur activité en cas de difficulté. Ainsi 43 % d'entre eux ne posent pas d'arrêt de travail dans une situation le nécessitant (34 % vont au travail et 9 % posent un jour de congé). Les personnes évoquent dans l'ordre la crainte d'une baisse de revenus, une charge de travail trop importante, la peur d'être mal perçu, le risque de report du travail sur les collègues ou une échéance importante à respecter.

Le travail, c'est pas toujours la santé

Les arrêts courts restent très majoritaires : 39 % vont de un à trois jours et 23 % de quatre jours à une semaine (31 % durent une semaine à trois mois et seuls 7 % se prolongent au-delà de trois mois). Dans 90 % des cas, ils sont posés pour maladie ordinaire (devant les accidents de travail, maladies professionnelles et accidents de trajet).

Si les deux tiers des salariés ayant été arrêtés jugent que leur maladie n'est pas liée à leur travail, un quart d'entre eux identifient une cause professionnelle (organisation du travail, pratiques managériales). « Ces chiffres se maintiennent année après année puisqu'en 2016, 27 % des salariés associaient directement leur arrêt à leur travail, indique Christian Mainguy. Si l'on veut réduire l'absentéisme, il faut travailler là-dessus. »

Nouveauté dans l'étude : la mesure de l'impact du burn-out et des troubles musculo-squelettiques. Ainsi, 6 % des salariés ont été arrêtés en 2017 pour un syndrome d'épuisement professionnel. Profil type : une femme âgée de 18 à 29 ans, en CDD et dont l'entreprise a un climat social perçu comme « très mauvais ». Quant aux TMS, ils concernent 10 % des salariés arrêtés, particulièrement les ouvriers du secteur industriel, de la construction et du commerce.

Besoin d'accompagnement

Si une grande majorité des DRH considèrent que ces arrêts impactent l'organisation de l'entreprise et même sa performance, les deux tiers d'entre eux n'ont pas d'idée de leur coût. En revanche, les DRH affirment parler de l'absentéisme prioritairement avec la médecine du travail (77 %) et estiment que cette dernière a une bonne connaissance de l'activité, des métiers et des spécificités de l'entreprise.

En cas de coupure longue, les salariés manifestent un besoin fort d'accompagnement (62 % d'entre eux souhaiteraient ce soutien de l'entreprise). Côté DRH, 46 % assurent que leur société a instauré des actions spécifiques de prévention des arrêts de travail en 2017, soit trois points de plus qu'en 2016. Parmi les initiatives principales citées, au-delà du cadre réglementaire (évaluation des risques et de la pénibilité) : l'analyse ergonomique des postes (70 %), des formations aux risques professionnels (54 %), des actions de prévention des TMS (53 %) et des enquêtes pour plainte de harcèlement (35 %). En revanche, l'accord télétravail n'a guère fait recette, instauré par seulement 16 % des entreprises.     

Enquête réalisée par BVA auprès de deux échantillons : l'un de 1504 salariés d'entreprises de plus de 50 personnes (par Internet du 13 au 24 avril) ; l'autre auprès de 305 DRH d'entreprises de plus de 50 salariés (par téléphone du 10 au 24 avril).

Marie Foult

Source : Le Quotidien du médecin: 9674