94 % des praticiens hospitaliers réclament l'équité entre générations dans la progression des rémunérations, les arbitrages de Bercy en attente

Par
Publié le 25/05/2023
Article réservé aux abonnés

Crédit photo : S. Toubon

Passablement agacé par la suspension des concertations avec la direction générale de l'offre de soins (DGOS) la semaine dernière, Action praticiens hôpital (APH) avait déjà levé un coin du voile sur sa consultation nationale auprès de la profession. L'intersyndicat de PH en a révélé mercredi le contenu complet sur les 5 000 réponses obtenues de cette enquête intitulé « To be or not to be PH », étayant ainsi une nouvelles fois ces revendications.

Presqu'un an après les conclusions de la mission flash de François Braun, qui était encore président de Samu-Urgences de France, le compte n'y est pas pour la profession : 93 % des PH répondants estiment que la revalorisation des gardes qui en a été issue – et qui est toujours provisoire – est « insuffisante ». Ils sont tout autant à estimer que la permanence des soins (PDS) doit être revalorisée au-dessus de la bonification transitoire actuelle pour les gardes avec un objectif médian de 500 euros net par garde. En outre, pour eux, le samedi matin doit être intégré dans les horaires de la PDS.

Juste décompte du temps de travail

Globalement, sur le temps de travail, les réponses sont unanimes. « 90 % des praticiens, de toutes les générations, demandent que leur temps de travail puisse être décompté en temps continu (permettant un juste décompte du volume horaire de leur travail, de jour et de nuit), note APH. Ce taux dépasse même 95 % pour les structures de médecine d’urgence, d’anesthésie-réanimation et de médecine intensive-réanimation ». Quant aux obligations de service – le temps de travail exigible par l'établissement – 80 % des PH veulent qu'elles soient réduites à 39 ou 40 heures.

S'agissant des rémunérations, les PH réclament à 96 % que l'équité soit rétablie avec les vacataires à l'heure où les contrats de remplacement dits de type II sont en expansion depuis le plafonnement de la rémunération de l'intérim. Et ils réclament aussi une équité entre générations dans la progression de carrière : qu'ils soient concernés ou non, 94 % des PH estiment ainsi que « le décalage de quatre ans d’ancienneté entre praticiens hospitaliers nommés avant et après le 1er octobre 2020 est une injustice à corriger ».

Enfin, sur le sujet de la gouvenance hospitalière sur lequel planche le Pr Olivier Claris, pédiatre aux Hospices civils de Lyon (HCL), une idée émerge : 83 % des praticiens souhaitent une gouvernance médicale « plus démocratique », où les responsables de pôle et de service seraient désignés par leurs pairs praticiens titulaires, idéalement par vote (61 %).

Remise à niveau des carrières : le coût, facteur de blocage 

Tous ces résultats ont été traduits en douze propositions visant à « redonner envie de devenir et de rester praticien hospitalier ». Le Dr Jean-François Cibien, président d'APH, a été reçu ce jeudi par le ministre de la Santé pour les lui exposer, mais il n'est pas ressorti avec des réponses précises. « Nous avons fait le point sur la question de la reprise des quatre ans d'ancienneté dans la grille des PH, raconte l'urgentiste d'Agen. Mais nous sommes toujours dans l'expectative des arbitrages de Bercy. Aujourd'hui, il faut 36 ans de carrière aux anciens pour arriver jusqu'au dernier échelon, ce n'est pas normal. Il y a une injustice majeure par rapport aux plus jeunes, nommés à partir d'octobre 2020. Si c'est un problème de légalité, pourquoi la loi ne pourrait-elle pas mettre en place une nouvelle grille pour tout le monde ? ». Le coût d'une remise à niveau des carrières – point bloquant – n'a par ailleurs jamais été communiqué aux syndicats par le ministère.

Sur la question de la revalorisation de la permanence de soins, la réponse du ministre a été « laconique ». Mardi, lors de l'inauguration du salon de la FHF, Santexpo, François Braun avait déclaré attendre les recommandations de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) et promis une reprise des discussions. Le sujet le plus avancé à ce jour semble être celui de la retraite des hospitalo-universitaires où « des arbitrages favorables » sont espérés par APH avec la remise attendue la semaine prochaine du rapport de la Pr Catherine Uzan.


Source : lequotidiendumedecin.fr