François Braun se donne un peu plus d'un an pour refonder le métier d'infirmier

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Publié le 31/05/2023
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C'est un chantier qu'Agnès Buzyn s'apprêtait à lancer avant d'être rattrapée par la crise du Covid puis sur lequel Olivier Véran avait voulu plancher juste avant de devoir quitter l'avenue de Ségur. Mais cette fois semble être la bonne. Le ministre de la Santé, François Braun, a inauguré la semaine dernière les travaux de la refonte du décret de compétences infirmier, resté en l'état depuis près de vingt ans. Plus largement, cette « refondation du métier » déjà annoncée lors de la clôture de la réunion plénière du CNR santé du 3 mai dernier est censée aboutir en septembre 2024 et comprendra aussi un axe sur la formation et un autre sur l'attractivité des carrières.

« Investir dans l'avenir de cette profession est une nécessité » a affirmé le ministre vendredi dernier, en clôture d'un séminaire de travail sur ce sujet avant un déplacement à l'Institut de formation en soins infirmiers (Ifsi) du Val-d’Oise. « Pour répondre aux besoins de santé de la population, renforcer des disciplines peu enseignées alors qu’essentielles (comme la pédiatrie, la psychiatrie ou la gériatrie) et aux aspirations légitimes de la communauté étudiante, il est nécessaire de repenser les cursus de formation pour les adapter aux besoins locaux, attirer toujours plus de jeunes et renforcer leur accompagnement jusqu’au diplôme » a fait savoir le ministère.

Lutter contre le décrochage

Une évolution de la formation est ainsi envisagée dès la rentrée 2024 dans les Ifsi. François Braun veut également lutter contre le décrochage pendant les études alors que, deux mois après la rentrée 2021, près de 13 % des étudiants avaient déjà abandonné. Si les études d'infirmières font partie du trio de têtes des formations les plus demandées depuis l'ouverture de la plateforme Parcoursup en 2019, la question de la sélection à l'entrée semble néanmoins se poser à nouveau. Enfin, le ministre de la Santé tient beaucoup à la qualité des terrains de stage, essentielle à ses yeux pour donner envie aux étudiants de persévérer dans le métier. « Un plan d'action global » doit donc être construit pour accompagner les étudiants - notamment pour leur hébergement - et diversifier les offres de stages.

Le démarrage de ce chantier d'envergure sur la profession infirmière intervient quelques semaines après l'adoption de la loi Rist qui a consacré de nouveaux partages de compétences entre les médecins et les paramédicaux. « La prise en charge des plaies chroniques en accès direct dans le cadre d’un exercice coordonné, l’extension de la compétence vaccinale à l’ensemble des vaccins du calendrier vaccinal (prescription et administration) et la réalisation des certificats de décès sous forme d’expérimentation dans six régions qui débutera dès cet été sont désormais autorisées pour cette profession » rappelle le ministère qui se félicite également du développement des protocoles de coopération. Actuellement 85 protocoles nationaux ou locaux sont autorisés et concernent près de 6 000 infirmiers, un dispositif qui a également été simplifié par la loi Rist.

Refonte du décret de compétences

À cet égard, la refonte du décret de compétences pourrait permettre d'aller plus loin même si pour l'heure François Braun reste prudent et promet que les « évolutions seront concertées avec les parties prenantes » citant en exemple la prévention et l'éducation thérapeutique, la coordination des parcours ou les soins de proximité. « Les éléments de comparaison internationale sur la profession démontrent que des évolutions ambitieuses sont possibles, en particulier en raisonnant par grandes missions dévolues aux infirmiers et en sécurisant l’élargissement de leur champ de compétences par la formation et la collaboration avec le médecin » note aussi le ministère.

Des compétences élargies permettront aussi de relancer « l'attractivité » de la profession, estime François Braun qui mise tout autant sur la pratique avancée. Si les IPA sont actuellement moins de 2000, il espère que l'objectif des 5 000 sera atteint l'année prochaine.

De son côté, l'Ordre national des infirmiers (ONI) avait déjà posé ses jalons lors d'un colloque organisé le 22 mai dernier sur l'évolution de la profession. La réforme du décret de compétences lesquelles devraient se décliner en termes de « missions » et non plus seulement d' « actes » a pour objectif de « renforcer l'autonomie de l'infirmière » mais aussi de renforcer la « coopération entre les médecins, les infirmiers et les autres professions paramédicales ».

Le ministre de la Santé a d'ores et déjà missionné, dès le mois d'avril, la commission soins infirmiers du Haut Conseil des professions paramédicales afin d'expliciter dix missions phares de l'infirmier.


Source : lequotidiendumedecin.fr