C'est notamment plusieurs éditions récentes du rapport annuel de la Cour des comptes  qui sont restées en travers de la gorge du CIH. « En 2019, elle a commencé à écrire qu'il faudrait fermer des services d'urgences en nuit profonde, se souvient la Dr Anne Gervais, gastroentérologue à Bichat. Trois ans plus tard, on voit le résultat : 120 services sur 700 sont incapables d'assurer complètement ou partiellement leur mission. » Le CIH juge également la Cour responsable du désinvestissement dans l'hôpital public des dix dernières années. « Dans son rapport de 2018, elle avait suggéré que les hôpitaux ayant des projets de rénovations ou de constructions immobilières devaient intégrer l'obligation d'un taux de marge de 8 %, autrement dit que la réduction de la vétusté des hôpitaux soit conditionnée à leur rentabilité financière », déplore encore la Dr Gervais auprès du « Quotidien ».

Méconnaissance de l'état de la littérature

Depuis, le ministère de la Santé a changé son fusil d'épaule avec les investissements du Ségur de la santé. Mais « le président de la 6e chambre, Denis Morin, qui est l'ancien directeur de cabinet de Marisol Touraine, a déclaré devant la commission d'enquête du Sénat sur l'hôpital en février dernier que ces dépenses nouvelles ne doivent pas être financées par la dette ou par les impôts mais par des économies » s'offusque la représentante du CIH qui reproche aussi au magistrat son « parti pris » en faveur de la tarification à l'activité (T2A) et « sa méconnaissance de l'état de la littérature » sur les effets pervers imputés à celle-ci.

Au porte-voix, devant les caméras de télévision, le Dr Olivier Milleron, cardiologue à Bichat, membre du CIH, a dressé des parallèles entre la santé et la justice. « Les mêmes maux produisent les mêmes effets, a-t-il estimé. Les manques de moyens aboutissent à une dégradation des services publics et à une perte de sens pour les professionnels. » Par leur action d'éclat, les quatre organisations disent souhaiter interpeller les citoyens sur la question des services publics et repolitiser le sujet.