L'hôpital dispose désormais d'un nouvel outil pour sensibiliser les étudiants - et les professionnels de santé en général - aux violences sexistes et sexuelles (VSS). Quelques semaines après la publication du guide de lutte contre les VSS au sein des études de médecine de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf), plusieurs syndicats et associations de jeunes soignants ont décidé de mettre en place un violentomètre à l’hôpital. Les derniers chiffres sont en effet alarmants : un étudiant en médecine sur trois a été victime de harcèlement au cours de sa vie universitaire, et 15 % des carabins ont subi une agression sexuelle au cours de leurs études. Or, seules 10 % des victimes signalent ces violences…
Inspiré par le violentomètre des Observatoires des violences faites aux femmes de Seine-Saint-Denis et Paris, cet outil d’auto-évaluation vise à repérer les VSS vécues à l'hôpital. Diffusé par les organisations (et leurs réseaux respectifs) dans les établissements depuis début août, il a été élaboré par l'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes en médecine générale (Isnar-IMG), le collectif Pour une médecine engagée, unie et féministe (Pour une M.E.U.F.), le Syndicat des internes des hôpitaux de Paris (SIHP), le Syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG), l'Union nationale des étudiants en chirurgie dentaire (UNECD), l'Association nationale des étudiants sages-femmes (Anesf) et le Collectif libre et inclusif pour tous (Clit).
Une vingtaine de situations concrètes
Contactée par « Le Quotidien », Louise Wetterwald, chargée de mission « lutte contre les discriminations » de l’Isnar-IMG, précise que le violentomètre illustre des « situations concrètes que chacun a déjà vécu ou entendu à l’hôpital ». Une vingtaine de situations classées par couleur en fonction de leur gravité : du vert (environnement professionnel égalitaire) au rouge (harcèlement sexuel, agressions sexuelles et viols), en passant par l’orange (environnement professionnel hostile et sexiste).
⚠️ Voici un violentomètre "stop au sexisme à l'hôpital ".
— Syndicat Jeunes MG (@SNJMG) July 21, 2023
L’objectif de cet outil est de repérer les violences sexistes et sexuelles comme le fait le violentomètre classique, mais ici adapté aux situations vécues à l'hôpital. pic.twitter.com/fViXy4xLQH
Les étudiants en médecine pourront ainsi « se reconnaître dans une situation et, éventuellement, réaliser que ce qu’ils vivent ou ont vécu n’est pas normal, qu’il ne s’agit pas simplement d’une remarque déplacée, mais en réalité de harcèlement sexuel ou d’une agression sexuelle », explique Louise Wetterwald. Autre objectif de la démarche : « que les témoins s’engagent un peu plus dans les situations de violences », qu’il s’agisse de « prendre à partie l’agresseur ou de défendre la victime », poursuit l’étudiante.
Raison pour laquelle le violentomètre a vocation à s’adresser à « toutes les personnes qui travaillent à l’hôpital, des ASH aux secrétaires, en passant par les chefs de service », précise Louise Wetterwald. L’outil devrait également être largement diffusé dans les services hospitaliers, « des endroits calmes où on a le temps de lire, pour que tous les soignants puissent le voir », ambitionne l’étudiante.
Enfin, le verso du violentomètre liste également les organisations « ressources » susceptibles de prendre en charge les VSS ou d’orienter les victimes : défenseur des droits, 39 19, association Soins aux Professionnels de la Santé (SPS), etc.
Jointe par « le Quotidien », Catherine Cornibert, directrice générale de SPS, considère que « l’on a besoin d’un outil pour objectiver les VSS à l’hôpital ».
« Comme pour la douleur, il y a quelque chose de très subjectif dans les VSS, poursuit Catherine Cornibert. Il y a des personnes qui sont vraiment harcelées qui ne se sentent pas harcelées. D’autres ne sont pas forcément harcelées mais le ressentent comme cela. » D’où l’importance, selon elle, d’avoir « une grille d’évaluation pour pouvoir mieux les identifier ».
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