LE QUOTIDIEN – Vous n’avez pas signé à chaud le protocole d’accord sur le secteur optionnel. Ceci malgré, manifestement, de très fortes pressions de l’assurance-maladie qui vous a cédé sur le sujet de la prise en charge des cotisations sociales. Pourquoi ?
Dr JEAN-CLAUDE RÉGI – Une négociation, c’est une négociation. Et on entre dans une négociation parce qu’on a envie d’arriver à quelque chose. Sinon, on n’y va pas. Mon rôle n’a pas dérogé à cette règle : je suis allé à la CNAM avec une forte volonté de faire évoluer les choses, j’ai été honnête et j’ai participé sincèrement à la discussion. Je signale au passage que je n’avais pas signé l’accord de juillet 2008 [point d’étape sur le secteur optionnel, NDLR], que je repartais sur le sujet sans avoir eu de contacts depuis cette date et que quand je me suis présenté le 15 octobre à l’assurance-maladie, je ne savais fichtre rien de ce qui allait se passer !
Effectivement, nous avons eu l’impression qu’on voulait la signature de la FMF mais à la fin des fins, une décision comme celle-ci se prend avec l’aval de ses troupes. Or cet accord ne donne aucune lisibilité sur ce qui va se passer dans l’avenir, tout y est au conditionnel. J’ajoute que j’ai le souvenir extrêmement cuisant d’un accord de même nature : celui signé en août 2004 par les chirurgiens. Chacun y trouvait ce qu’il voulait y trouver, on sait avec quel succès. Alors je n’ai pas fait un caprice en ne signant rien jeudi dernier.
Les chirurgiens de l’UCDF vous poussent à ne pas signer. Considérez-vous qu’ils ne peuvent vraiment pas trouver leur compte dans le secteur optionnel ?
On peut voir le verre à moitié vide ou à moitié plein. Si je me dis : le secteur optionnel va apporter une réponse immédiate à certains médecins du secteur I, bien évidemment, ce sera positif. Mais ce n’est pas cela l’objet de l’accord. Son but est de faire venir dans le secteur optionnel des médecins du secteur II. Cela signifie que si cet accord peut être acceptable par certains côtés, il ne l’est pas par d’autres. Or nous, nous attendons une réponse globale à la question des dépassements, pas une réponse d’attente. Les complémentaires ont à terme la volonté farouche de voir le secteur II disparaître. Ce n’est pas concevable, sauf à admettre des étapes et en matière d’étapes, l’accord chirurgiens de 2004 a tout de même représenté une douche froide.
Je rappelle qu’à la FMF, nous avons été créateurs du secteur II en 1980 avec Raymond Barre. Malgré cela, et parce que nous ne considérons pas comme une bonne chose l’accumulation de strates successives de secteurs (dans lesquelles personne – ni médecins, ni patients – ne s’y retrouve), nous avons proposé l’instauration d’un secteur unique à honoraires modulables.
Votre signature pèse lourd – la FMF est le deuxième syndicat de spécialistes –, cela vous place-t-il dans une position particulièrement inconfortable ?
Je suis dans la position d’un syndicaliste et je ne crois pas avoir à faire la démonstration que la FMF est un syndicat responsable et conventionniste. En fait, il aurait été beaucoup plus inconfortable pour moi d’avoir signé que de ne pas l’avoir fait. Mais cet accord part d’une analyse de la situation qui est fausse. Notre problème ne se situe pas tellement entre les médecins et l’assurance-maladie mais entre l’assurance-maladie et les complémentaires. Je l’ai fait inscrire dans le préambule du protocole d’accord jeudi dernier : les actes des médecins ne sont pas pris en charge à leur juste valeur. La question n’est pas celle des dépassements excessifs, c’est celle de la prise en charge du coût de la pratique. Pour cette raison, on est roulé dans la farine. La négociation sur le secteur optionnel est en trompe-l’il.
Le bureau de la FMF s’est donné un mois pour que le syndicat se décide, le 20 novembre, en assemblée générale. Un mois, c’est long quand l’impatience politique est forte. Ne prenez-vous pas le risque de voir les pouvoirs publics préférer reprendre la main ?
Une centrale syndicale est en mouvement. Ces derniers temps, des généralistes, des chirurgiens… nous rejoignent. Manifestement, à la fin de cette négociation, les chirurgiens – et pas seulement ceux de la FMF – ne sont pas très satisfaits. Ceci est suffisamment grave pour que l’on se prononce à partir d’un débat ouvert, sans précipitation. Il faut que le poids de cette décision, qui pèse actuellement sur mes épaules, soit partagé par tous. Il ne s’agit pas de faire quelque chose tout de suite parce qu’il y a une injonction politique, des pressions du Parlement, parce que le président de la République a dit qu’une solution devait avoir été trouvée le 15 octobre… sans être sûr que les termes de l’accord résoudront les problèmes dans le temps.
Se trompe-t-on beaucoup si l’on dit qu’au jour d’aujourd’hui, vous n’êtes pas dans une logique de signature ?
Si j’écoute mon bureau et les chirurgiens, je ne suis pas sur une ligne de signature ; je suis sur une ligne de débat.
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