Des médecins de CHR de Metz-Thionville réclament le départ de la directrice les ayant qualifiés de « divas »

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Publié le 15/04/2022

Crédit photo : S.Toubon

C'est selon eux « la goutte d'eau qui a fait déborder le vase ». Une pétition, déjà signée par plus de 2 000 personnes, réclame la démission de la directrice CHR de Metz-Thionville (Moselle) après que celle-ci avait qualifié les médecins de « divas » au décours d'une interview dans une enquête intitulée « La lente agonie de l’hôpital public » diffusée le16 mars dernier. Plus précisément, Marie-Odile Saillard avait déclaré : « Nous sommes tous capricieux, les médecins le sont particulièrement, ce sont des divas. » Dans la foulée, les soignants avaient lancé sur Twitter le hashtag #jesuisunediva pour condamner ces propos.

Chef du service de cardiologie de l'hôpital de Mercy et président de l'association (3APIHOP) à l'origine de la pétition, le Dr Michel Boursier dénonce « manque de dialogue » avec la direction et « un management par la peur et la menace », venant s'ajouter aux problèmes « systémiques » des hôpitaux, notamment le « manque de personnel ». Il espère donc qu'il y aura « un dialogue plus constructif avec une nouvelle direction ».

Courrier envoyé à Olivier Véran

Fondée fin 2021 pour soutenir les praticiens en souffrance, l’association du cardiologue est composée de 115 membres. Celle-ci a adressé le 5 avril, avant même le lancement de la pétition, un courrier à Olivier Véran, pour l'instant resté sans réponse. Joint par « Le Quotidien », le Dr Pascal Pannetier, vice-président de l’association, précise que le courrier alertait « sur une situation problématique au CHR », tout en demandant une enquête de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas).

Pour le psychiatre lorrain, les propos de la directrice montrent son « mépris » à l’égard des médecins. Celle-ci serait « maltraitante et autocratique » au quotidien et continuerait « à prendre des décisions sans concertation ». Pour lutter contre ce « management par la peur », il aurait déjà récolté une dizaine de « témoignages de maltraitance » de soignants de l’hôpital. Selon lui, certains pourraient « relever du harcèlement ». Et de citer le cas d’un confrère qui a décidé de porter plainte devant le tribunal administratif il y a deux ans. Conséquence : « Son quotidien à l’hôpital est pourri par des mesures vexatoires et ostracisantes. »

La directrice se défend

De son côté, la directrice a évoqué, auprès de l'AFP, un « mot maladroit » et s'est dite « désolée ». « Si les gens éprouvent le besoin d'exprimer un désaccord, ma porte est ouverte », affirme-t-elle, tout en parlant d'accusations « mensongères » concernant ses méthodes de management. « Je n'ai rien à me reprocher, je suis prête à améliorer les choses et à rouvrir le dialogue » au sein de l'établissement, a-t-elle ajouté.

La directrice a également reçu le 8 avril un soutien de poids, celui de la présidente de la commission médicale d’établissement (CME) du CHR Metz-Thionville, la Dr Marie-France Olieric. « Je pense que l’hôpital public souffre, qu’il souffrait avant la crise Covid, et que chacun s’exprime comme il peut. Et je ne pense pas qu’une seule personne puisse être responsable d’une souffrance à l’hôpital. La souffrance va bien au-delà d’un mot, d’une personne », a expliqué la chef de service de la maternité de Thionville.

 

 

 

Avec AFP

Source : lequotidiendumedecin.fr