Développer la réhabilitation précoce de patients hospitalisés

Entre Lille et Wattrelos, le GHT structure une nouvelle filière en post-réa 

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Publié le 19/11/2018
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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Dans le cadre du groupement hospitalier de territoire (GHT) Lille métropole-Flandre intérieure, le CHU de Lille et l'hôpital de Wattrelos (Nord) viennent de signer une convention destinée à favoriser l'accès à la réhabilitation précoce pour les patients fragiles sortant du service de réanimation du CHU, à l'instar des programmes de réhabilitation rapide après chirurgie (RRAC).

L'hôpital de Wattrelos est l'une des plus petites structures de ce GHT. Désormais, deux des six lits de son unité de surveillance continue (USC, dans le pôle de médecine polyvalente) seront consacrés à la prise en charge spécifique de patients envoyés par le CHU. Cette expérimentation doit permettre de développer de manière plus intensive le principe de réhabilitation précoce, facteur de diminution de la morbidité et de retour plus rapide à une autonomie.

Cet accord vise également à fluidifier la filière de réanimation. Selon le Pr Daniel Mathieu, chef du pôle de réanimation médicale au CHU de Lille, les demandes d'admission en soins de suite et de réadaptation (SSR) dans les Hauts-de-France sont satisfaites dans 75 % des cas en moins de dix jours lorsqu'elles émanent de services de médecine, chirurgie et obstétrique (MCO), mais seulement dans 40 % des cas lorsqu'elles proviennent d'un service de réanimation et avec un délai de deux mois. « Sur les 10 à 15 % de séjours dits bloquants, supérieurs à 30 jours, au moins les deux tiers résultent du fait qu'on ne trouve pas de places en aval », indique le médecin lillois. 

Binômes médicaux

La convention permet de remédier aux obstacles qui freinent souvent l'accès des patients de réa à une rééducation précoce et d'intensité croissante selon leurs besoins. Tout d'abord, ces patients fragiles bénéficient de la prise en charge spécifique de l'USC de Wattrelos, plus soutenue qu'en SSR et mieux dotée en personnels soignants rodés « à la prise en charge de défaillances aiguës » potentielles, indique le Pr Mathieu. Autre point positif : l'USC dispose d'une permanence des soins 24 heures sur 24. Enfin, Wattrelos dispose d'un solide matériel de monitorage, d'un plateau technique et d'une équipe de réhabilitation compétente en rééducation cardiaque et respiratoire.

Une filière continue, sans rupture, se dessine donc, souligne le médecin lillois, satisfait. « Nous avons accepté de reprendre les patients [en CHU, NDLR] s'ils présentent une aggravation de leur état de santé », ajoute le Pr Mathieu. Les demandes de transferts vers l'hôpital de Wattrelos seront présentées par un binôme constitué d'un médecin réanimateur et d'un médecin rééducateur du CHU. À Wattrelos, un autre binôme composé du médecin responsable de l'USC et d'un médecin rééducateur devra apporter sa validation.

Deux patients ont bénéficié de cet accord, prévu pour un an renouvelable. Selon le CHU, 50 à 70 patients seront concernés par le dispositif chaque année. « Cette action bouscule énormément d'habitudes, médicales et managériales. Il a fallu convaincre qu'elle pouvait être mise en place facilement. Si elle réussit, ajoute le Pr Mathieu, nous souhaitons qu'elle soit déclinée plus largement au niveau du GHT et de la région. »

 

 

 

De notre correspondante Géraldine Langlois

Source : Le Quotidien du médecin: 9703