Attractivité des carrières médicales à l'hôpital : le ministère reporte deux réunions de négociation, « une déclaration de guerre » pour les syndicats

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Publié le 15/05/2023
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Crédit photo : S. Toubon

La nouvelle a fait l'effet d'un très mauvais signal. Dans le cadre des concertations sur l’attractivité des carrières médicales à l'hôpital public, un nouveau calendrier avait fixé deux rendez-vous entre la DGOS (ministère de la Santé) et les organisations syndicales. Le premier devait être consacré à la revalorisation de la carrière des PH, ce lundi 15 mai. Le second devait porter sur la permanence des soins, le 16 mai.

C’est donc avec stupéfaction que les syndicats de PH ont appris, vendredi dernier, que la DGOS reportait ces deux réunions de concertation. Dans un mail adressé aux organisations syndicales, elle s’engage à revenir « dès que possible pour reprogrammer ces réunions, qui se tiendront bien, dans un calendrier légèrement différé d’ici à fin mai ».

Alliance Hôpital « scandalisé »

Un procédé qui a « scandalisé » Alliance Hôpital (SNAM-HP et CMH) qui estime que ce report des négociations « met à nouveau une pierre dans le jardin du manque d’attractivité de l’hôpital public pour les praticiens hospitaliers ». Le syndicat exige « une reprise sans délai » des négociations qui doivent aboutir « à un raccourcissement de la durée de la carrière des PH et HU, à une revalorisation de la retraite des praticiens HU et à une revalorisation substantielle de la permanence des soins ».

Contacté par « Le Quotidien », le Pr Sadek Beloucif, président du Syndicat national des médecins, chirurgiens, spécialistes, biologistes et pharmaciens des hôpitaux publics (SNAM-HP) dit avoir été « très étonné » par l’annonce de ce report. D’autant plus que c’est François Braun qui, selon lui, a mis en place ce calendrier des négociations pour « pouvoir montrer des résultats ».

Récemment, le ministère souhaitait modifier la grille des médecins hospitaliers pour « pouvoir opérer un nouveau reclassement ». Fin avril, il avait mis trois hypothèses sur la table, sans pour autant tenir compte de la perte des quatre ans d'ancienneté, fustigeait à l’époque Jeunes Médecins.

« Une déclaration de guerre »

Les dernières réunions avec la DGOS étaient allées « assez loin dans les différents scenarii pour revaloriser tous les PH. Le ministère avait même proposé un chiffrage financier », rappelle le Pr Beloucif qui se « demande vraiment si ce chiffrage n’est pas à l’origine du report des négociations ». Or, il y a, selon lui, urgence à avancer sur le chantier de l’attractivité des carrières médicales. « Nous attendons une date de reprise des négociations. Cela ne peut pas attendre l’été qui est une période difficile en termes de gardes pour les PH », prévient le président du SNAM-HP.

De son côté, la Dr Rachel Bocher, présidente de l'Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH), considère que le report sine die des négociations est « une déclaration de guerre ». Elle demande donc la mise en place « en urgence » d’un nouvel agenda social, sous peine d’une « mobilisation de grande ampleur ».

Interrogée sur les causes de ce report, elle estime que c’est « une question éminemment politique » qui doit certainement être « arbitrée à Matignon ou à l'Élysée ». Un arbitrage qui devrait, selon elle, permettre de déterminer le « montant de l’enveloppe » qui sera alloué à l’attractivité des carrières médicales.

Mais la cheffe du service de psychiatrie du CHU Nantes se veut résolument optimiste : « Je n’imagine pas le gouvernement nous balader durant des mois sur des possibilités de revalorisation des carrières, des retraites HU et de la permanence des soins. Pour, au final, dire "il n’y aura pas d’enveloppe". »


Source : lequotidiendumedecin.fr