Hôpital Sud Francilien : le personnel demande au gouvernement de lever l’opacité sur le PPP

Publié le 28/11/2012
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Crédit photo : S. TOUBON

Le centre hospitalier Sud Francilien (CHSF), dans l’Essonne, a ouvert ses portes en début d’année, péniblement. Si les malfaçons ont été corrigées, et si le site n’est plus dangereux aujourd’hui, ses équipes continuent chaque jour de se heurter aux lourdeurs du partenariat public privé qui lie l’établissement à Eiffage pendant 30 ans. Un exemple : l’augmentation du nombre de lits en néonatalogie suppose d’importants travaux au niveau des fluides. Des travaux qu’Eiffage refuse de mener, sauf à alourdir un peu plus le loyer qui, en 2012, dépasse déjà les 50 millions d’euros. La liste des contentieux s’allonge de jour en jour. Rien que sur 2012, 8 millions d’euros auraient pu être économisés sur les opérations de maintenance si l’hôpital ne s’était pas engagé dans ce partenariat public privé (PPP).

Pourquoi en est-on arrivé là ? C’est la question, sans réponse, que se pose le personnel de l’établissement. « L’hôpital et l’État ont tout intérêt à sortir de ce PPP qui entraîne d’importants surcoûts financiers », déclare le Dr Henri Lelièvre, chirurgien orthopédique et président de l’association « Sauvons notre hôpital public ». « Le contrat aurait pu être rompu en invoquant certaines clauses résolutoires », affirme de son côté Jean-Claude Combrisson, de la même association. L’avoir maintenu, au détriment de l’intérêt du contribuable, et au détriment, peut-être aussi, de la qualité des soins, alimente la suspicion : « On nous cache tout, on ne nous dit rien, tonne Bruno Piriou, conseiller général (PCF) de l’Essonne. Qu’y a-t-il derrière ce bail ? Quels sont les intérêts financiers en jeu ? Il faut qu’on crève le secret. »

Où est passé le rapport IGAS-IGF ?

La députée communiste Jacqueline Fraysse, élue à Nanterre, joint sa voix à celle des hospitaliers en colère avec l’espoir de faire sortir le gouvernement de sa réserve. « Nous exigeons que cette opacité soit levée, déclare-t-elle. Le PPP du CHSF doit être accessible à la représentation nationale censée vérifier les comptes. » Deux ministres en particulier sont interpellés : Marisol Touraine, ministre de la Santé, et Manuel Valls, ministre de l’Intérieur et président du conseil de surveillance de l’établissement.

Depuis plus d’un an, l’association « Sauvons notre hôpital » réclame que le rapport conjoint IGAS-IGF sur le CHSF soit rendu public, de même que le bail emphytéotique hospitalier. Elle demande également que soit levé le secret entourant les tractations entre l’hôpital, l’ARS d’Ile-de-France et Eiffage (la maintenance du CHSF pourrait être réinternalisée). Marisol Touraine, lors de l’examen du PLFSS 2013, ne s’est pas opposée à ce qu’un nouveau rapport soit établi sur la situation du CHSF – une demande formulée par Jacqueline Fraysse. Mais pour la députée communiste, il faut aller plus loin : « C’est le principe même des PPP qu’il faut remettre en question », dit-elle.

DELPHINE CHARDON

Source : lequotidiendumedecin.fr