Les cliniques privées se tirent le portrait

Inquiétudes autour d’un corps médical vieillissant

Publié le 29/04/2011
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Crédit photo : S Toubon

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AU DÉTOUR DE SON dernier « Rapport sectoriel » (voir encadré), la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP) a regardé de près le profil des 41 520 médecins qui exercent en cliniques privées. L’exercice commence à donner des sueurs froides au secteur.

Denrée appelée à se faire de plus en plus rare, les praticiens sont en effet plus âgés dans le secteur hospitalier privé que dans le public. La FHP a, par exemple, établi le portrait-robot de ses gynécologues obstétriciens (1 827 en 2009) : ils sont âgés, constate-t-elle, de 53 ans en moyenne (contre 45,6 ans à l’hôpital public) ; 22,5 % ont plus de 60 ans. « Cela signifie, explique Philippe Burnel, délégué général de la Fédération, que presque un quart des postes sont, dans cette spécialité, susceptibles de devenir vacants du jour au lendemain. » Un risque d’autant plus fort, insiste-t-il, que des facteurs comme les problèmes de responsabilité civile sont de nature à précipiter ce genre de décision individuelle. Autre spécialité scrutée : les chirurgiens (hors les obstétriciens, 1 800 exercent dans les cliniques privées). Eux affichent un âge moyen de 52,3 ans (versus 48 ans dans le public).

Au chapitre du mode d’exercice (voir tableau), les chiffres de la FHP font apparaître un surprenant essor du salariat dans les cliniques, royaume traditionnel de l’exercice libéral. Une situation que, pour couper court à toute accusation de « salarisation » de son corps médical, la Fédération s’empresse d’expliquer : « La majorité (89 %) reste libéraux ou mixtes. La hausse de l’effectif salarié ne signifie pas que l’on transforme le statut des libéraux au sein du secteur privé, elle correspond à l’essor de l’activité SSR dont le modèle est de fonctionner avec des médecins salariés. »

Pour l’heure, l’hospitalisation privée continue à recruter : ses effectifs médicaux ont crû de 2,7 % entre 2008 et 2009. Mais, outre l’âge du capitaine, des clignotants – comme celui du « recrutement » libéral, qui enregistre un « net ralentissement » (+0,5 % en 2009 contre +2,3 % en 2008) – commencent à s’allumer. Vigilante, la FHP fait valoir que la démographie médicale est pour elle « un sujet essentiel », ce qui la pousse à se montrer extrêmement attentive à des sujets comme le numerus clausus (pas question, met-elle en garde, que les pouvoirs publics cèdent à la tentation du moment de « le faire redescendre ») et la formation.

Manière, peut-être, d’attirer les médecins, la FHP insiste dans son dernier rapport sur la diversification de l’activité des cliniques. Celles-ci ont « quitté le carré de l’activité de proximité programmée ». En développant les urgences (2 millions de patients en 2009, ce qui correspond à une hausse de 14 % en deux ans) ou les actes de haute technicité (d’après la FHP, 2 % des actes réalisés par les cliniques sont des actes lourds, dits « de CHU » contre « 0,9 % dans les CH et 5 % en CHU »). Quant à l’accessibilité sociale des patients, la FHP insiste : « En MCO, 25 % des patients CMU hospitalisés le sont en clinique privée. »

 KARINE PIGANEAU

Source : Le Quotidien du Médecin: 8952