Nouvelle fronde médicale à l’AP-HP

La CME se rebelle contre l’EPRD 2010

Publié le 17/11/2009
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Crédit photo : S Toubon

LA COMMISSION médicale d’établissement (CME) de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris devait officiellement entrer en rébellion hier, à l’appel de ses président et vice-président, les Prs Pierre Coriat et Yves Agrain.

Alarmés par les premiers projets d’EPRD (état prévisionnel des recettes et des dépenses) examinés au sein de l’institution pour l’an prochain, les deux hommes ont mis dans la balance leur démission de leurs mandats de pilotes de la plus grosse CME de France. Ils craignent en particulier des suppressions massives de postes qu’ils jugent « arbitraires » et qui, dans le contexte de la T2A (tarification à l’activité) auront, accusent-ils dans un courrier diffusé aux membres de la CME et du Conseil exécutif, des conséquences « fatales » à très court terme. Pour eux, 1 000 emplois de soignants non médicaux et 150 postes de praticiens hospitaliers sont ainsi menacés de « retrait » en 2010. Gare à la « spirale déflationniste », s’inquiètent les Prs Coriat et Agrain pour qui l’offre et la qualité des soins sont menacées. « Il y a une sous-estimation des ressources de l’AP-HP sur une activité que nous, nous ne voulons pas dévaloriser », explique Pierre Coriat au « Quotidien ».

Meneur au printemps dernier de la fronde des chefs de service parisiens contre la loi HPST (Hôpital, patients, santé et territoires), le Pr Bernard Granger ne pouvait que rejoindre cette analyse : « Il n’y a pas de plan d’ensemble, se désole-t-il. On entend des rumeurs. On va supprimer ceci, cela, fermer tel hôpital… Des chefs de pôle ont déjà démissionné. Le climat était jusque-là un peu à la désolation, à la consternation, mais les choses vont changer ! »

De son côté, la direction de l’AP-HP insiste sur le fait que les projets évoqués par les patrons de la CME ne sont que des « hypothèses » émanant d’ « un document de travail sur lequel s’est penché le Conseil exécutif ». Elle reconnaît également que les éléments de cadrage financier pluriannuels (2010-2014) actuellement à l’étude incluent un effort de convergence de 350 millions d’euros d’ici à 2012, soit environ 100 millions par an, qui pourraient effectivement porter sur un millier d’emplois annuels – à rapprocher du turnover normal au sein de l’institution qui représente environ 6 000 à 7 000 personnes, « ce qui permet, insiste la direction, de procéder à des ajustements sans que cela porte sur la qualité des soins ».

 KARINE PIGANEAU

Source : lequotidiendumedecin.fr