La grève des blocs fortement suivie en Alsace

Publié le 13/11/2012
1352826956388808_IMG_93671_HR.jpg

1352826956388808_IMG_93671_HR.jpg
Crédit photo : S. TOUBON

Très motivés, les chirurgiens et anesthésistes libéraux alsaciens ont multiplié depuis lundi les actions de sensibilisation auprès du public et des médias de la région. Les blocs opératoires de nombreuses cliniques alsaciennes, notamment à Strasbourg, Haguenau et Mulhouse, sont arrêtés depuis lundi.

La mobilisation la plus forte a été enregistrée au sein de trois cliniques strasbourgeoises, Adassa, Sainte Odile et le Diaconat, où même le service SOS mains a cessé de fonctionner. « Nous sommes en grève pour une durée indéterminée même si nous savons que ce mouvement ne pourra pas s’éterniser en raison de ses conséquences pour l’économie des cliniques et sur notre propre activité », explique le Dr Bertrand Claudon, chirurgien viscéral et responsable régional du BLOC.

« Tarifs massacrés »

« Nous dénonçons la parodie d’accord (sur l’encadrement des dépassements d’honoraires, NDLR) passé sur le dos des 15 % de médecins libéraux qui, pourtant, assurent les deux tiers des interventions chirurgicales effectuées en France », affirme ce chirurgien pour qui « on ne peut tout simplement pas vivre en opérant à perte, avec les mêmes tarifs qu’il y a trente ans ». « Nos tarifs sont massacrés », poursuit-il, « nous devons faire des centaines d’actes rien que pour financer nos assurances et nous modulons déjà nos honoraires au profit des patients qui ne peuvent pas payer ».

Tout en préparant activement la manifestation nationale organisée devant le ministère de la Santé, ce mercredi, où les grévistes alsaciens comptent se rendre massivement, le Dr Claudon a appelé personnellement ses patients pour leur expliquer les raisons de ce mouvement. « Les gens nous soutiennent, et comprennent que nous allons disparaître si nous ne pouvons pas continuer à financer notre activité. » Au-delà de sa colère contre l’avenant n° 8, il dénonce les comportements des mutuelles, grandes bénéficiaires de la situation : « Elles veulent prendre en charge la promenade du chien des patients hospitalisés, mais elles se gardent bien de payer la chirurgie, ce qui est pourtant, de loin, la dépense médicale la plus importante pour un patient, et qui survient toujours à un moment dramatique de sa vie. »

48 euros une sédation pour coloscopie

Anesthésiste au Diaconat de Strasbourg, le Dr Radu Lupescu relève pour sa part que les honoraires d’anesthésie sont quasiment ceux de 1983, avec par exemple 48 euros pour une sédation pour coloscopie ou 75 euros pour une arthroscopie. « Il est absurde de parler d’un repère de 150 % pour caractériser un dépassement abusif à partir d’un prix déjà caduc en lui-même », souligne-t-il en rappelant qu’il doit, avec ses honoraires, payer son secrétariat et ses assistantes formées en bac + 5.

En Alsace, ajoute l’anesthésiste, les dépassements ne sont jamais très élevés, mais si les médecins ne peuvent plus fixer leurs honoraires, il leur faudra travailler plus vite et moins bien. « Je suis mes patients individuellement, avant et après les opérations, et je n’ai pas envie de multiplier les actes, comme doivent le faire certains confrères en secteur I », conclut-il.

 DE NOTRE CORRESPONDANT DENIS DURAND DE BOUSINGEN

Source : lequotidiendumedecin.fr