La récente Une du magazine « Le Point » et son dossier en pages intérieures – qui dresse un palmarès de 1 000 praticiens experts dans 14 disciplines médicales et chirurgicales – continue de provoquer des remous au sein du monde médical.
Ce classement, qui dit se baser sur plus de 30 000 publications scientifiques, aura réussi à dresser contre lui la majeure partie de la profession. Au point que, presque deux semaines après la parution de ce numéro, la conférence des doyens, l'Ordre des médecins (Cnom), le Conseil national des universités de santé, les conférences des présidents de CME de CHU et des directeurs généraux ont uni leurs voix pour condamner mardi dans un communiqué commun un « classement qui se fonde sur des informations subjectives et tronquées » et qui « porte préjudice tant aux praticiens qu’à la médecine et donc aux patients ».
Injuste et discriminatoire
« Le classement du "Point" est injuste et discriminatoire vis-à-vis des médecins experts. Il semble également mettre en doute la capacité des médecins généralistes à orienter leurs patients vers des praticiens de qualité adaptés à leur pathologie », peut-on ainsi lire. D’autant que la plupart des praticiens cités dans ce palmarès n’ont « pourtant pas répondu aux questionnaires (envoyés par « Le Point ») sur les consignes de l’Ordre des médecins et de leurs institutions représentatives », soulignent les organismes.
Doyens, Ordre des médecins et hospitaliers pointent en outre des indicateurs de classement jugés non pertinents. Ainsi, les trois critères utilisés pour ce palmarès (« notoriété », « nombre de publications » et « score Le Point » – un algorithme maison) seraient « redondants ». « Décliner de manière globale le même paramètre en l’affublant d’intitulés différents et qualifier cette méthode "d’algorithme" est une erreur méthodologique », estiment-ils.
L’Académie de chirurgie émet aussi des réserves
Plus diplomate, l’Académie nationale de chirurgie a, elle aussi, émis des critiques, certes en demi-teinte. Si elle estime « louable de vouloir honorer la recherche médicale et ses acteurs » et félicite « toutes celles et ceux, s’exprimant dans le domaine public ou privé, qui figurent dans ce palmarès », l'Académie épingle elle aussi la finalité de la démarche. « Aucune règle n’a établi de relation entre la qualité d’un opérateur et le nombre de ces publications », recadre l’Académie qui voit surtout dans cette enquête « l’occasion de remettre en perspective la complexité d’un système de soins qui ne saurait être réduit à un classement, somme toute assez simpliste, bien qu’il soit le fruit de mois de travail au service d’une méthode rigoureuse ». Une manière de calmer le jeu ?
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