Chambres à 45 euros par nuit

Les médecins de l’AP-HP protestent

Publié le 22/06/2011
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Le ton est poli, mais ferme néanmoins. Dans un courrier qu’ils adressent à Mireille Faugère, la directrice générale de l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris), plusieurs centaines de médecins expliquent qu’ils ne joueront pas le jeu des « chambres première classe payantes à 45 euros par nuit ».

L’expérimentation de la facturation des chambres individuelles, testée dans cinq hôpitaux parisiens depuis le début de l’année, est « contraire à l’éthique professionnelle », argumentent André Grimaldi et Bernard Granger, les porte-parole du mouvement de défense des hôpitaux publics. Dans leur lettre de protestation, les signataires parlent d’une décision « injuste » et « inapplicable ». Inapplicable, car « que se passera-t-il lors du transfert d’un malade d’un service avec chambre non payante à un autre avec chambre payante ? », interrogent les professionnels de santé. « Nous imaginons mal que l’on puisse mettre dans une chambre à plusieurs lits un malade atteint de tuberculose ou même simplement suspect d’avoir la grippe, poursuivent-ils. Et nous n’imaginons pas qu’on en revienne aux paravents de notre jeunesse pour isoler le mourant de la vue des autres malades ».

Les praticiens de l’AP-HP ne veulent pas être chargés de vérifier si les patients ont les moyens d’assumer ces 45 euros supplémentaires quotidiens. De même ne veulent-ils pas que leurs hôpitaux se muent en clinique privée : « Lorsque l’hôpital ressemblera à une clinique commerciale, quelles seront alors les raisons pour les médecins et les chirurgiens de rester à l’hôpital public alors qu’ils pourront gagner deux à trois fois plus en clinique privée ? ». La conclusion tombe, fermant la porte à toute discussion : la décision du siège de l’AP-HP « ne pourra pas être appliquée ».

D.CH.

Source : Le Quotidien du Médecin: 8987