CHU de Martinique : Olivier Véran annonce une médiation pour apaiser de fortes tensions

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Publié le 27/10/2021

Crédit photo : AFP

Le ministre de la Santé, Olivier Véran a annoncé, hier mardi, devant le Sénat qu'une « médiation » allait se rendre en Martinique « pour rétablir les conditions d'un dialogue serein avec l'ensemble des parties prenantes, pour que la loi s'applique dans de bonnes conditions et surtout qu'on fasse progresser la vaccination ». Le climat est en effet particulièrement tendu depuis plusieurs jours sur l'île, en raison de la résistance d'une partie des soignants face à l'obligation vaccinale.

Le préfet de la Martinique, Stanislas Cazelles, a déposé plainte lundi à Fort-de-France « suite à des menaces et messages d'incitation à la haine visant notamment des soignants ». Le représentant de l'État vise notamment les slogans entendus lors de la manifestation contre la vaccination obligatoire qui a mobilisé lundi près de 1 500 personnes dans les rues de Fort-de-France, selon la police. Durant cette manifestation, un cercueil orné d'une tête de chèvre a été déposé devant les grilles de la préfecture.

Les organisations syndicales et une partie les soignants et salariés du CHUM (Centre hospitalier universitaire de Martinique) refusent le calendrier de l’ARS sur la mise en place de l'obligation vaccinale et le pass sanitaire. Celui-ci avait prévu que chaque soignant devait avoir reçu sa première dose avant lundi, sous peine d'être suspendu. Les manifestants exigeaient aussi une médiation dans le conflit qui les oppose à la direction, quant à l'application du pass sanitaire et de l'obligation vaccinale dans l'établissement.

« Climat de violence »

Pour revenir à la plainte de la Préfecture, celle-ci est également motivée par la prise à partie vendredi des soignants vaccinés par des manifestants hostiles à la vaccination. La direction du CHUM a en effet choisi la semaine passée d'« aménager » les modalités du contrôle du pass sanitaire dans l'hôpital autorisant les personnels hospitaliers non-vaccinés à entrer dans leurs services « quelle que soit leur situation au regard du pass sanitaire ».

Si des incertitudes persistent sur l'application effective des mesures de suspension par la direction du CHU, le dialogue reste tendu. Dans un communiqué publié lundi, les représentants des médecins libéraux et hospitaliers de l'île se sont déclarés « meurtris par le climat de violence qui règne à l'hôpital », rappelant que « 2 000 professionnels de santé martiniquais, dont 90 % des médecins », ont « fait le choix responsable de la vaccination ». Cependant, « nous n'avons jamais choisi d'être en guerre contre les soignants qui n'ont pas franchi le pas de la vaccination. Nous n'avons jamais choisi d'être en conflit avec nos frères et sœurs de soin. Nous regrettons qu’ils ne l'aient pas fait, c'est tout », ajoutent-ils.

État d'urgence sanitaire prolongé jusqu'au 31 décembre ?

Quant à Olivier Véran, il a ajouté ce mardi devant le Sénat tenir « compte tout de même de la réalité sanitaire, de la charge de travail qui repose aujourd'hui sur les directeurs d'hôpitaux et sur les équipes médicales et soignantes ». Il a aussi « demandé à ce que la loi s'applique mais qu'elle s'applique avec le bon jugement ».

« Je préfère qu'au lieu de travailler à l'échelle de tout un établissement du jour au lendemain, on aille équipe par équipe, unité par unité, service par service, convaincre les derniers réticents et prendre des mesures de suspension là où c'est nécessaire », a-t-il expliqué.

C’est également dans ce contexte que le gouvernement a déposé ce mardi un amendement avant l'examen du projet de loi « vigilance sanitaire » par le Sénat pour prolonger l'état d'urgence sanitaire jusqu'au 31 décembre en Martinique. Car « la situation sanitaire encore très fragile rend nécessaire le maintien au-delà du 15 novembre 2021 de mesures d'interdiction de sortie du domicile, que seul l'état d'urgence sanitaire permet de prendre ».

 

(Avec AFP)

Source : lequotidiendumedecin.fr