Hôpitaux et cliniques main dans la main

En Occitanie, alliance public-privé pour soigner les cardiopathies congénitales

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Publié le 15/10/2021
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La clinique Pasteur et l’hôpital des enfants du CHU de Toulouse mutualisent leurs équipes médicales dans le cadre d’un groupement de coopération sanitaire (GCS) afin d'optimiser la prise en charge des patients atteints de cardiopathie congénitale – de la période prénatale à l'âge adulte.

Cette filière – une première – est l’aboutissement d’un parcours du combattant. À Toulouse, les collaborations public-privé en cardiologie ne datent certes pas d’hier mais elles se sont heurtées à divers obstacles avant d’aboutir à ce groupement de coopération sanitaire (CGS) en faveur des patients atteints de cardiopathie congénitale.

En juillet 2010, l’activité toulousaine de chirurgie cardiaque pédiatrique avait été stoppée à la clinique Pasteur et rapatriée au sein de l’hôpital des enfants du CHU de Toulouse, dans le cadre du schéma interrégional d’organisation sanitaire de l’époque. Le seuil des 150 interventions annuelles n’était pas atteint par les équipes disséminées sur les deux sites. L’objectif était de mutualiser les compétences pour monter en puissance.

Nouveau départ… à quatre mains

Las, quelques mois après son installation, l’activité était arrêtée par l’agence régionale d’hospitalisation (ARH), en raison d’équipements insuffisants (salles de cathétérisme, unité de soins intensifs pédiatriques, etc.). « Tout cela a laissé des traces dans les équipes, résume le Pr Philippe Acar, cardiopédiatre au CHU, qui portait déjà ce projet à l’époque. Depuis, des investissements ont été faits et un nouveau groupement coopératif sanitaire vient d’être approuvé par l’ARS. Je me félicite de ce nouveau départ qui officialise les relations très étroites avec la clinique Pasteur. C’est une histoire d’hommes. » 

Désormais, les deux figures qui incarnent la filière toulousaine « cardiopathies congénitales » sont les Drs Clément Karsenty, cardiopédiatre à l’hôpital des enfants du CHU, et Nicolas Combes, cardiologue à la clinique Pasteur. Identifiés comme les spécialistes experts de cette pathologie en Occitanie, les deux praticiens opèrent 250 patients par an sur les deux sites. Chaque semaine, ils interviennent à quatre mains sur les cas les plus complexes, indifféremment à Pasteur ou à l’hôpital des enfants.

« Notre spécialité n'est pas standardisée » 

Les cardiopathies congénitales – qui nécessitent un suivi à vie – concernent environ huit enfants pour 1 000 et la moitié de ces malformations sont prises en charge dès la naissance. « Nous animons des réunions pédiatriques à distance une fois par semaine et des réunions adultes une fois par mois, avec les cardiologues hospitaliers et libéraux d’Occitanie qui nous adressent leurs patients à Toulouse », confie le Dr Clément Karsenty.

Dans cette filière qui prend en charge des patients de la période prénatale à l’âge adulte, l’objectif est d’optimiser le parcours de soins au bénéfice des malades. « Notre spécialité n’est pas standardisée, chaque cas demande que l’on s’adapte et que l’on personnalise la prise en charge, décrit le Dr Nicolas Combes. Le GCS le permet grâce au partage de nos compétences, l’utilisation de plateaux techniques complémentaires et l’adaptation des techniques de l’adulte sur l’enfant. »

Grâce aux deux équipes ainsi mutualisées, ce groupement – que l’ARS Occitanie prévoit de reconduire tous les cinq ans – permet aussi d’assurer la permanence des soins et de répondre à la prise en charge d’une dizaine d’urgences par an. Il prévoit enfin un protocole de suivi des patients à vie pour éviter toute rupture de soins au moment de l’entrée dans l’âge adulte.

De notre correspondante Béatrice Girard

Source : Le Quotidien du médecin