Présidentielle : Fabien Roussel (PCF) veut un retour de l'obligation de garde et trouve que certaines MSP « coûtent une blinde »

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Publié le 18/03/2022
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Crédit photo : S.Toubon

La Fédération hospitalière de France (FHF), qui organisait son « Grand oral » ce jeudi 17 mars, a présenté les résultats d’un sondage Ifop sur les attentes des soignants et a reçu six candidats à l'élection présidentielle, dont Fabien Roussel, le candidat du Parti communiste français (PCF).

Ce dernier a dévoilé de façon détaillée son programme santé, à commencer par ses mesures pour l'hôpital public. Selon le secrétaire national du PCF, la crise de l’hôpital s'est construite « depuis longtemps et bien avant l'épidémie », est liée « à l’austérité, au manque de moyens financiers et de personnels » et à une vision « comptable » de la santé. « L'hôpital n'est pas une entreprise soumise aux lois du marché, obnubilée par des règles absurdes de productivité et d'actes rémunérateurs », estime Fabien Roussel, qui propose une « grande loi de refondation » du secteur.

Fin des Ehpad privés lucratifs

Le candidat communiste appelle à « refinancer » l'Assurance-maladie à hauteur des besoins de la population notamment grâce à un rétablissement des cotisations maladie supprimées par le gouvernement d'une part, ainsi qu'à une hausse plus générale des cotisations et un arrêt des exonérations patronales d'une part.

Il plaide aussi pour une reprise totale par l'État des 30 milliards d'euros de dettes cumulées par les établissements de santé et le remboursement des frais liés à l'épidémie de Covid. « Une fois la base financière assainie, un nouvel avenir pour l'hôpital public pourra être redéfini et les fermetures de services ne seront plus à l'ordre du jour », prédit-il.

Autres priorités Fabien Roussel, déclarer un moratoire sur toutes les fermetures et fusions de services, hôpitaux et maternités et améliorer les conditions de travail des personnels. Il propose aussi d'embaucher 100 000 personnels soignants hospitaliers sur trois ans, tout en repensant les formations initiales et continues.

Dans le secteur du grand âge, le défi est de « chasser le secteur à but lucratif » des Ehpad. « Cela est scandaleux (...), il faut y mettre définitivement un terme, estime-t-il. Orpea est détenu en partie par un fonds de pension canadien, ces gens-là n'ont pas à venir faire du beurre sur les épinards de nos résidents, à un moment donné il faut dire stop ! » Pour arriver à la norme européenne d'un salarié pour un résident d'Ehpad, il propose de recruter 300 000 personnels en trois ans.

Mieux protéger les étudiants

Fabien Roussel s'est également prononcé en faveur d'un retour des obligations de garde pour les médecins généralistes « comme pour les chirurgiens et les anesthésistes du privé ».

Concernant l'installation en libéral, il a cité l'exemple de sa commune de Saint-Amand-les-Eaux (Nord), où les médecins ont été aidés. « Nous avons réussi à faire venir quatre jeunes médecins, dont nous avons pris en charge l'administratif et le secrétariat. Pendant trois ans, ils ne paient pas de loyer et sont installés dans un local de l'hôpital, cela nous coûte 20 000 euros par an, et c'est beaucoup moins cher que les maisons de santé qui coûtent une blinde », raconte-t-il, appelant à « entendre » les nouvelles aspirations des jeunes médecins.

Interrogé sur la santé mentale des étudiants et internes par Mathilde Renker, présidente de l'Isnar-IMG – qui a rappelé qu'un étudiant sur quatre a présenté un épisode dépressif en 2021 – Fabien Roussel a appelé à « mieux protéger » les jeunes dans le cadre de leur formation, avec davantage de médecins du travail, et à modifier le cursus et le système de garde des internes. « Je ne sais pas s'il y a un syndicat CGT chez les étudiants en médecine, mais il faut qu'ils y pensent pour défendre leurs revendications », a glissé le député communiste.

En termes de santé publique, le candidat d'extrême gauche a regretté un manque d'éducation et de prévention, notamment sur l'alimentation. « Il faut boire beaucoup, d'eau minérale, tous les jours au moins un litre, et dans des bouteilles en verre, a plaisanté Fabien Roussel, en référence à ses propos sur le « bon vin ». Tout le monde doit avoir le droit au bon et au beau, car ceux qui souffrent le plus de la malbouffe et se retrouvent à l'hôpital, ce sont ceux qui n'ont pas accès à ces produits. »

Il propose ainsi un fonds de 10 milliards d'euros pour « aider les maires à investir dans les cantines scolaires ». « Les jours heureux, c'est aussi manger sain, à sa faim et préserver notre art de vivre à la française », conclut-il, en écho à son slogan de campagne.


Source : lequotidiendumedecin.fr