Querelle hospitalière en Haute-Savoie : la clinique de Cluses en marche symbolique pour conserver son activité de médecine

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Publié le 14/06/2017
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Crédit photo : Anne Bayle-iniguez

Depuis près d'un an, la vallée alpine de l'Arve, en Haute-Savoie, est le théâtre d'une pièce à rebondissements où une clinique et un hôpital ont endossé les rôles de meilleurs ennemis. La première se trouve à Cluses ; le second à Sallanches, à 17 km de distance. Dernier épisode ce mercredi : accompagné d'une dizaine de personnels – médecins et soignants – le PDG de la clinique et ancien patron de la FHP Jean-Loup Durousset est allé plaider sa cause (conserver absolument son activité de médecine) auprès de la mairie de Sallanches dans un cadre peu commun.

Tout de blanc vêtu, le verbe haut, le patron du groupe de cliniques Noalys voulait au commencement relier les deux petites villes dans une « marche pour la paix hospitalière » symbolique avant de rencontrer les autorités locales, voire le nouveau directeur de l'hôpital, en fonction depuis trois jours. Mais faute de feu vert de la préfecture, l'opération s'est transformée en promenade dans Sallanches et distribution de tracts devant la mairie.

Recours de l'hôpital

Pour Jean-Loup Durousset, qu'importe la forme tant que, sur le fond, le problème de l'autorisation des lits de médecine est rapidement résolu.
Le premier acte s'est joué en 2015 : le groupe Noalys récupère alors l'autorisation de chirurgie de la clinique, avec l'appui de la mairie de Cluses. L'année suivante, elle se spécialise dans la prise en charge ambulatoire (orthopédie, ORL) et dépose une demande d'autorisation d'activité de médecine, acceptée à l'automne par l'agence régionale de santé Auvergne-Rhône-Alpes. Le Dr Sophie Gonnet, de formation urgentiste, ouvre ensuite le service de médecine polyvalente le 9 janvier. Mais entre l'accord de l'ARS et l'ouverture du service, la tutelle régionale a changé de direction et, coup de théâtre, l'hôpital a déposé un recours pour contester l'autorisation de médecine octroyée à la clinique.

Bloquée par cette procédure, la clinique, dans le rouge, ne peut développer son activité dans le nouveau bâtiment de 30 lits (trois fois plus qu'aujourd'hui) qu'elle a en projet de construire, toujours à Cluses. Entre janvier et mai, le service de médecine a enregistré 90 patients. Et pour être rentable, le plateau technique doit tourner avec de nouveaux praticiens. La clinique attend l'arrivée d'un ophtalmologue et d'un chirurgien plasticien dans les prochains mois. Encore faut-il qu'ils trouvent encore des murs où exercer.

« L'hôpital public plombe un projet que la population appelle de ses vœux, ce n'est pas acceptable », s'exaspère Jean-Loup Durousset. Le PDG se défend de faire preuve d'agressivité vis-à-vis du nouveau directeur de l'hôpital, Jean-Rémi Richard, à peine installé dans ses fonctions. « L'opposition à la clinique date de la précédente direction mais M. Richard doit comprendre notre position », met-il en garde.

Concurrence ou complémentarité ?

Les médecins de la clinique sont dans les pas de leur PDG. Pour le Dr Aurélien Legrand, anesthésiste de 37 ans et président de la commission médicale d'établissement, l'activité de la clinique est justifiée par sa pratique ambulatoire et le besoin de la population. « S'ils doivent être réhospitalisés, les patients de l'hôpital de Sallanches ne viennent pas chez nous, ils vont à Lyon ! On n'est pas assez gros pour les concurrencer. Les médecins des deux établissements ont tout intérêt à travailler en coopération. Ça, c'est l'avenir de la médecine ! » « On sait que la CME de l'hôpital de Sallanches est contre notre activité de médecine, ce qui est dommage, regrette de son côté le Dr Gonnet. On peut prendre en charge des patients qui ne trouvent pas de place chez eux. »

Les défenseurs de la clinique ont été reçus par l'adjointe à la culture du maire de Sallanches, qui assure avoir entendu leur message, tout en jugeant que leur action donne corps à un « conflit de territoire » dont la mairie se passerait bien.

Jean-Loup Durousset espère de son côté rencontrer le nouveau directeur de l'hôpital dans les prochaines semaines. « Il semble vouloir discuter mais encore faut-il qu'il ait des solutions à proposer. »


Source : lequotidiendumedecin.fr