Après un arrêté de l’ARS en forme d’ultimatum

Une clinique de Saône-et-Loire contrainte à la fermeture en cinq jours

Publié le 31/10/2012
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roseraie

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Crédit photo : DR

PARAY-LE-MONIAL, surtout connu pour ses pèlerinages, s’apprête à vivre une restructuration délicate. Distants d’une cinquantaine de mètres, la clinique et l’hôpital de la ville n’ont jamais pu s’entendre. Voilà dix ans que le SROS prévoit de regrouper les deux plateaux techniques, flambant neufs mais en sous-activité, pour n’en garder qu’un. Chaque tentative fut un échec.

Vendredi dernier, l’ARS a tranché, en annonçant à la clinique que son autorisation chirurgicale ne serait pas renouvelée (afin de garder la maternité et la chirurgie sur un même site, à l’hôpital). Son autorisation s’éteignant ce soir, le bloc privé doit donc tirer le rideau. La clinique ne fait que de la chirurgie. Sa fermeture mettrait 80 personnes sur le carreau. Sauf référé suspensif de dernière minute, les 150 patients programmés dans les prochaines semaines devront trouver un autre point de chute.

Une décision politique.

Localement, chacun s’accorde à dire qu’il y a un plateau technique de trop dans cette petite ville de Saône-et-Loire (bassin de population : 80 000 habitants). Mais l’annonce de la décision - d’abord faite par une députée PS qui s’est réjouie de la « victoire du service public » -, autant que le choix de l’Agence, font débat. D’aucuns y voient une décision hautement politique : « Le Président de la République a clairement dit qu’il fallait privilégier le public, observe le Dr Jacques Muller, président de la CME de la clinique. Si l’on nous coupe la tête, j’espère que nous serons les seuls. Il ne faudrait pas que cela se passe demain partout comme cela en France ». La directrice de la clinique, Jany Rulfo, renchérit : « Il n’y a pas de problème d’activité ni de qualité. Simplement, il y a 600 salariés à l’hôpital public, qui ont un poids politique différent ».

Le groupe Vitalia a racheté la clinique en 2010 quand elle était au creux de la vague. Ses juristes essaient de trouver une issue de dernière minute. Le patron de Vitalia, Christian Le Dorze, exprime son agacement : « Nous réclamions un partenariat public-privé mais nous n’avons jamais pu nous réunir avec l’hôpital, et jamais l’ARS n’a réuni les deux établissements. Avec une telle décision, on est peut-être en train de créer un petit désert médical ». Une critique que Didier Jaffre, le directeur de l’offre de soins à l’ARS Bourgogne, balaye d’un revers de manche : « Le bloc de l’hôpital est en capacité d’absorber l’ensemble des besoins du bassin de population ». Mais avec quels praticiens ? Les 30 médecins libéraux de la clinique ont prévenu l’ARS par courrier : ils n’iront pas renflouer les équipes hospitalières en tant que salariés, et envisagent même de quitter la région. Radiologue, le Dr Jacques Lebas prévoit de se rabattre sur son cabinet et son jardin. Amer, il confie : « La chirurgie privée coûte 30 % moins cher. Ce qui marche bien, on le torpille pour renflouer l’hôpital public ».

DELPHINE CHARDON

Source : Le Quotidien du Médecin: 9183