Pénurie médicale, violences : en Alsace, deux services d'urgences en mauvaise passe

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Publié le 06/09/2019

Crédit photo : Phanie

La crise des urgences se ressent vivement en Alsace. Après un été particulièrement tendu, deux services de la région se sont réveillés sonnés à la rentrée. Le premier, situé à Mulhouse (Haut-Rhin), a perdu en l'espace d'un an plus de la moitié de ses médecins. Le second, à Strasbourg (Bas-Rhin), est sous le coup d'un préavis de grève de ses personnels à la suite d'une violente agression survenue fin août.

Dernier avatar du malaise ce vendredi 6 septembre, quand une vingtaine de personnels des urgences du CHU de Strasbourg ont fait le piquet de grève – non reconductible – à l'appel du syndicat FO. Ils dénoncent les violences dont ils sont victimes au quotidien. 

La direction a certes déjà accordé aux grévistes plusieurs de leurs revendications (vigile 24 heures sur 24, système d'alerte individuel pour les agents, formation sécurité) « mais les agents voulaient marquer le coup », raconte Christian Prud'homme, secrétaire général FO aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS). L'infirmier anesthésiste est satisfait même s'il attend encore le paiement des heures supplémentaires, sur lequel s'est engagée la direction. Il reste aussi préoccupé par le manque de lits d'aval disponible. Il propose une solution originale : installer un brancard par service. « De cette manière, les chefs de service pourront se rendre compte de la situation des urgences », argumente-t-il.

La médecine libérale en renfort ?

À 100 km au sud, les urgences du groupe hospitalier de la région de Mulhouse et Sud Alsace sont elle aussi en souffrance à cause d'une grave pénurie de médecins. En une année, le nombre d'équivalents temps plein d'urgentistes dans le service est passé de 26 à une dizaine. « Il n'y en aura plus que sept en septembre selon les syndicats, 12,4 d'après la direction », indiquait fin août France Bleu.

Lundi 2 septembre, l'agence régionale de santé (ARS) Grand Est et la direction du groupe hospitalier ont donc présenté un plan d'action pour assurer la continuité du fonctionnement du service. « La présence médicale sera assurée par certains médecins spécialistes du groupe hospitalier, des médecins de la réserve sanitaire nationale et des médecins généralistes volontaires pour assurer des consultations », ont-elles indiqué. La direction assure concentrer ses efforts sur « le recrutement et la reconstitution d'une équipe stable ainsi que sur l'amélioration des conditions de travail pour le personnel médical et paramédical ».

Pour désengorger les urgences, l'accueil des patients en ville devrait également être renforcé par des « permanences supplémentaires de médecine libérale en soirée et le samedi matin », ont indiqué l'hôpital et la tutelle dans un communiqué commun, sans plus de précision. La régulation médicale du Centre 15 sera elle aussi renforcée sur les mêmes horaires. Enfin, l'hôpital de Pfastatt, situé en périphérie de Mulhouse, est mis à profit. Il devra, avec le SAMU, organiser « un accueil accru de patients ne relevant pas des urgences ».

L'ARS et la direction de l'hôpital espèrent ainsi « mieux gérer l'arrivée des patients et garantir une prise en charge pour le bon soin, au bon endroit, au bon moment ».

Protéger sa santé physique et mentale

Ces nouvelles mesures seront-elle suffisantes pour endiguer la pénurie ? Cet été, plusieurs praticiens ont démissionné, dénonçant les conditions de travail devenues de plus en plus compliquées. L'un d'entre eux est allé jusqu'à publier anonymement sur les réseaux sociaux un témoignage accablant : « Je pars pour protéger ma santé physique et mentale. En espérant trouver un autre moyen de l’exercer sereinement, ou encore que le système change pour qu’être médecin urgentiste à Mulhouse dans le service public reprenne définitivement sens. » 

 

 


Source : lequotidiendumedecin.fr