C’est une fraude « à l’échelle industrielle » qui a été découverte à l’Université de Saint-Quentin-en-Yvelines, se désole le Pr Djillali Annane, doyen de l'UFR Simone Veil de l'UVSQ. Lors d’un examen en ligne début janvier, la « quasi-totalité de la promotion » de deuxième année de médecine aurait triché, soit près de 300 étudiants. Ce sont les excellents résultats des carabins – « autour de 17/20 de moyenne pour cette épreuve, largement au-dessus des notes des années précédentes », précise le doyen – qui auraient mis la puce à l’oreille de l’équipe enseignante.
Si une enquête interne est en cours pour déterminer les rouages de la triche, « nous pensons que les étudiants ont mis en place une organisation militaire », avance le Pr Annane. Durant l’épreuve en ligne, sous forme de QCM, les étudiants se seraient répartis les questions par groupes de deux ou trois, « ce qui laissait le temps à chaque binôme de regarder dans leurs livres et de se partager ensuite entre eux toutes les réponses via un réseau d’échange », imagine le doyen.
Antisèches dans la trousse, formules gravées sous les baskets, téléphones portable : « de la triche, il y en a toujours eu, ça fait partie du folklore en quelque sorte, concède le doyen. Mais cette fois, elle semble avoir été planifiée à l’échelle de toute une promotion, c’est très décevant ».
Épreuves reportées
Une fois la fraude démasquée, la totalité des examens prévus ont été annulés et reportés à une date ultérieure. Cette fois, les partiels auront lieu en présentiel « et nous annulons jusqu’à nouvel ordre les épreuves en distanciel », précise le Pr Annane. Une plainte a été déposée au commissariat de police et la commission disciplinaire de l’université a été saisie. La situation est d’autant plus inquiétante pour le doyen qu’en « élaborant une fraude organisée, on contredit les grands principes de la médecine : la transparence, la confiance mais aussi la capacité pour un praticien de savoir dire qu’il ne sait pas ».
La fac travaille désormais sur des outils permettant de sécuriser ces examens à distance, « comme le fait de ne plus pouvoir revenir en arrière sur une question posée ou faire en sorte que les étudiants ne reçoivent pas les questions dans le même ordre », imagine Djillali Annane.
Faudra-t-il pour autant revenir sur l’organisation des partiels à distance ? Pas forcément, juge le doyen, qui précise même que la faculté « réfléchit à la mise en place d’un système d’évaluation à distance à la carte pour les étudiants ». En somme, lorsque le carabin se sent prêt à être évalué sur une matière, « il se connecterait à son espace numérique pour passer l’examen », poursuit le Pr Annane. Il considère que cette modalité de contrôle « permet de tenir compte du fait que tous les étudiants n’avancent pas à la même vitesse ».
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