Accusation de viol à la fac de médecine d'Angers : exclusion avec sursis d'un étudiant, les carabins dénoncent un « laxisme » disciplinaire

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Publié le 09/11/2022

Crédit photo : S.Toubon

Ce mardi, les élus étudiants de la fac de médecine d’Angers alertaient sur la présence au sein du campus d’un étudiant en médecine « dangereux », accusé de viol et d’agressions sexuelles.

Cet étudiant angevin en deuxième année de médecine est soupçonné d'avoir violé une autre étudiante en octobre 2021, lors du week-end d’intégration carabin. Début janvier, devant 400 carabins, le directeur de la fac de Santé d’Angers avait énoncé les faits présumés et lancé une procédure de saisine de la section disciplinaire des usagers (SDU). Neuf mois plus tard, la commission de la SDU a rendu son rapport et condamné l’étudiant à une exclusion de deux ans avec sursis de l’Université d’Angers. Une sanction synonyme de « laxisme » pour l’association des étudiants en médecine d’Angers (Adema), qui dénonce une « section disciplinaire défaillante ».

« Peur » et « malaise »

Pourtant, au cours de l’instruction et des 14 auditions menées, la SDU avait découvert que l’accusé était mis en cause « en plus d’une suspicion de viol, dans des affaires d’agressions sexuelles et d’attouchement auprès d’autres étudiantes en médecine », indiquent les élus étudiants angevins. Ces derniers sont soutenus par leurs syndicats, comme l’Unef et la Fage, et par l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf).

Si la commission de la SDU a bien reconnu des « atteintes à l’ordre et à la sécurité », ce sursis reste « un échec », regrettent les jeunes. « Cette décision permet à l’étudiant de reprendre librement ses études, de continuer à fréquenter les mêmes amphithéâtres que les victimes et de faire des stages cliniques (à l’hôpital comme en libéral) au plus proche des patients », soulignent les élus étudiants, qui rapportent un climat de « peur » et de « malaise » sur le campus.

Selon « Ouest France », l’agresseur présumé aurait reconnu un « comportement inapproprié » qu’il impute à une consommation excessive d’alcool, « à laquelle il a dit avoir mis un terme ». Le doyen de médecine avait saisi le procureur de la République d’Angers. Après enquête et faute de preuve, la procédure a été classée sans suite. 

Atteinte à la sécurité des étudiantes

Pour les représentants des étudiants d’Angers, la décision de la SDU « porte atteinte à la sécurité des étudiants » et va même « à l’encontre de la campagne de lutte contre les violences sexistes et sexuelles menée par l’Université d’Angers ».

Dans ce contexte, les carabins demandent au ministère de l’Enseignement supérieur de réformer le fonctionnement de ces sections disciplinaires, en ouvrant par exemple la possibilité de recours des décisions ou de réouverture d’un dossier disciplinaire en cas d’éléments nouveaux.

 

Cette affaire angevine n’est pas sans rappeler l’émoi de la communauté étudiante à Tours, au printemps dernier. Face à des accusations d’agressions sexuelles, les étudiants en médecine avaient dénoncé une « omerta » de leur faculté. En 2020, cinq étudiantes avaient déposé plainte pour agressions sexuelles et viol à l’encontre d’un autre carabin, étudiant à Tours. Les faits auraient été commis, comme à Angers, lors de soirées étudiantes.

Placé en détention provisoire en septembre 2020 – puis libéré deux mois plus tard sous contrôle judiciaire – le suspect avait pu poursuivre son cursus à la faculté de Limoges, exerçant notamment en stage au sein du service de gynécologie d’un centre hospitalier de Nouvelle-Aquitaine.


Source : lequotidiendumedecin.fr