Alcoolisation dans les soirées, prévention, secours : des étudiants relais-santé mieux formés pour éviter les drames

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Publié le 01/10/2019

Crédit photo : S. Toubon

Après le décès d'un étudiant en 5e année de pharmacie lors d'un week-end d'intégration en Belgique et le signalement de plusieurs dérapages récents lors de soirées étudiantes, la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a annoncé vouloir travailler sur une « offre de formation » à destination des étudiants pour mieux prévenir les risques liés à la consommation d'alcool.

Fin septembre, Frédérique Vidal a réuni en ce sens les principales associations étudiantes – dont celles en santé. « Un étudiant sur dix reconnaît être alcoolisé une fois par semaine », a relevé la ministre de l'Enseignement supérieur sur les réseaux sociaux.

Prévenir les beuveries

Pour lutter contre les soirées « beuveries », Frédérique Vidal propose de former directement les étudiants relais-santé (ERS), présents sur le campus, pour mener des opérations de sensibilisation et des campagnes d'information auprès de leurs pairs. Il s'agira de formations concrètes (prises en charge par les établissements) « sur la prévention et les gestes pour que les jeunes soient les premiers acteurs en cas de difficultés », ajoute la ministre. Les professionnels des services universitaires de médecine préventive et de promotion de la santé (SUMPPS) devraient être sollicités.   

Frédérique Vidal entend aussi travailler sur le service sanitaire mis en place en 2018 dans l'ensemble des filières universitaires de santé (médecine, pharmacie, odontologie et maïeutique). L'objectif est que les étudiants en service sanitaire « puissent porter une parole particulière sur les questions d'addiction à l'alcool dès le collège et le lycée pour ne pas laisser le phénomène s'amplifier au moment d'entrée dans l'enseignement supérieur »

Le dernier levier serait de déployer localement la charte nationale pour sécuriser les événements festifs, signée en 2018. Le ministère attend un bilan « exhaustif » des lieux qui appliquent cette charte (la moitié des établissements l'a mise en place). Enfin, un bilan des cellules d'écoute déployées l'an passé sera réalisé.

Les étudiants réclament (aussi) des moyens

Roxane Hellandsjö-Prost, présidente de l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF), salue ces initiatives. « Chaque année, l'association forme ses corpos à l'organisation de soirées responsables mais ce sont des étudiants qui forment d'autres étudiants... Une formation plus professionnalisante pour apprendre à transmettre correctement un message, c'est intéressant », commente-t-elle.

L'ANEMF réclame aussi un meilleur soutien dans ces démarches de sensibilisation. « Nous sommes peu accompagnés par les établissements, on ne connaît pas tous les outils pour la prévention et nous avons du mal à sensibiliser les étudiants. Certaines associations locales manquent aussi de financement pour avoir un poste de secouriste lors d'un événement. »

La Fédération des associations générales étudiantes (FAGE) estime que la formation aussi porter sur les règles de distribution d'alcool et la sécurité. La FAGE s'est prononcée pour l'interdiction de la publicité de l'alcool sur internet « là ou les jeunes sont le plus ».

Affaires récurrentes

Ces dernières années, les études de santé ont été entachées par plusieurs accidents. En 2015, Jean-Baptiste Pignède, un étudiant de 18 ans en deuxième année de médecine à la faculté de Lille, avait été retrouvé mort noyé dans un étang après une soirée étudiante. En 2017, David Marret, étudiant en dentaire à Rennes, est décédé lors d'un week-end d'intégration. Les tests avaient révélé une alcoolémie de 3,7 grammes d’alcool par litre de sang.

Cette année, le parquet de Nîmes a ouvert une enquête après qu'une soirée d'intégration concernant des blouses blanches a dérapé mardi 3 septembre dans le centre-ville. Des jeunes filles auraient été victimes de simulacre d'actes sexuels, d'insultes à caractère sexiste et de propos humiliants.

Les soirées festives et l'alcoolisation peuvent aussi conduire à des violences sexuelles. Le collectif féministe contre le viol, l’école E-artsup et le groupe Ionis lancent ce mardi une campagne vidéo sur les réseaux sociaux pour sensibiliser la communauté éducative à la gravité de ces violences et l’importance de diffuser les numéros d’aide. « Par des mises en scène présentées au départ comme ludiques qui évoluent plus ou moins rapidement vers des humiliations et des violences, les organisateurs en profitent pour agresser physiquement, et souvent sexuellement, les étudiants y participant », rappellent les organisateurs. 

En plus des réseaux sociaux, les 5 vidéos seront diffusées dans 8 campus (Paris, Bordeaux, Lille, Lyon, Montpellier, Nantes, Strasbourg, Toulouse). 

 


Source : lequotidiendumedecin.fr