Ils seront parmi les derniers à avoir subi les affres du numerus clausus ! Un an après leur entrée en fac de médecine, l'heure est au bilan pour ces jeunes vocations. Yasmine, Emie, Noa, Adam, Deborah et Jonathan, enfants des années 2000 ont intégré, l'an passé l'avant dernière promo de la PACES. Les premiers pas avaient été difficiles. 12 mois après leur avoir tendu le micro, « Le Quotidien du Médecin » les a retrouvés à Grenoble, Caen, Meaux ou en région parisienne. Intacts malgré tout, mais pas inchangés…
À Grenoble (et sans prépa privée !), Deborah atteint son but
Deborah a voulu « tenter » médecine pour ne jamais regretter de ne pas l'avoir fait. Et il lui a suffi d'essayer… pour y arriver ! Admiratifs, on veut en savoir plus. Un petit bilan s'impose. Déborah avait renoncé d'office à s'inscrire dans une prépa. Elle a tout misé sur le tutorat et les outils de la corpo de Grenoble. Banco ! C'est bien là son tour de force ! Travelling arrière…
À Grenoble, l'ambiance est positive : «on sait que l'on est en concurrence mais dans les esprits, si on répond à la question de l'un d'entre nous, on sait que l'on ne perd pas sa place pour autant» . La jeune fille estime avoir bien géré son temps au cours du premier semestre. Mais ça n'a pas été le cas lors du second. Car la fatigue a fini par s'installer et le retard sur les cours également. Cette course de fond a révélé ses limites psychologiques : « Quand on travaille d'arrache pied, on finit par sentir quand ça va lâcher. » La solution ? S'octroyer plus de pauses et de sorties. Et ça lui a bien réussi ! Forte de cette expérience, Deborah a acquis une solide organisation de travail.
Soulagée, elle se réjouie d'avoir passé le cap,avant l'application de la future réforme. « J'ai fait cela en un an, c'était difficile et stressant, mais maintenant je suis plus tranquille ». Son point de vue sur la réforme à venir ? Mitigé: « La sélection sera toujours de mise, même dans le nouveau système… Tout n'est pas clair et ce ne sera pas forcément mieux ». De plus, elle a l'impression « qu'il y a pas mal de primants qui sont passés ». Après neuf mois intensifs et un stage de quatre semaines au cours duquel elle a vu pour la première fois battre un coeur, Déborah est prête à affronter la deuxième année. Mais l'apprentie médecin avoue avoir un peu de mal à redémarrer cette rentrée.
À Caen, Jonathan double la PACES… et redouble ses efforts
D'ores et déjà réinscrit en PACES, Jonathan fait partie des doublants de la nouvelle promo. Il ne cache pas sa déception. Mais il ne lâchera rien ! « C'est ma dernière chance et je compte bien la saisir… Cette fois, sera la bonne ! ». Ténacité et détermination se font écho. La médecine est sa vocation. Et n'oublions pas qu'il a choisi cette voie depuis le collège ! Comme un sportif de compétition il a entretenu ses connaissances.
Depuis septembre, le très « carré » jeune homme s'est replongé dans un rythme soutenu, principalement en bibliothèque. Que retenir de ce premier essai ? La nécessité absolue, dès le premier jour, d’une organisation « béton ». Positif, le carabin veut faire fructifier son avance par rapport aux primants. Conscient qu'il appartient désormais, à la dernière promo avant la réforme, il lâche à ce propos : « Cela peut faire assez peur et ça reste assez flou en soi ».
Carrée à Caen, Noa ira jusqu'au bout
Noa, elle aussi, est résolue à devenir médecin. La PACES ? Une rude école de la vie mais un essai qui lui a beaucoup apporté. Elle peut maintenant s'appuyer sur un rythme et une méthode de travail efficients. Si cette première année n'est pas une perte de temps, Noa reconnaît en avoir perdu dans sa quête de méthode. Son conseil ? Arriver en PACES avec une technique d'apprentissage déjà bien rodée. Cette capacité, elle l'a réellement acquise à mi-parcours. Trop tard, semble-t-il.
Cela reste une expérience enrichissante. « Je me sens plus forte maintenant ». Et la jeune étudiante compte bien la mettre à profit pour sa deuxième chance. Vaillamment, elle déclare : « c'est maintenant ou jamais… Je vais tout donner ! ». Quant à la réforme qui se profile - qu'elle ne subira pas- la jeune étudiante « pense que cela peut-être une bonne option… pour enlever cette ambiance de concours… » A suivre…
Primant à Caen, Adam prend ses aises en deuxième année
Adam, c'est la force tranquille et la médecine, son objectif. Point barre ! Et ça a marché. Le jeune carabin attaque la deuxième année de médecine« avec entrain ». Et il est fin prêt. « Maintenant, on va aborder la vraie médecine », se régale d'avance celui qui se voyait ophtalmo, mais dont le coeur balance désormais pour la psychiatrie ou la cardio après avoir réalisé un premier stage en « cardio interventionnelle», avant une immersion en Maison d'Accueil Spécialisée dédiée au polyhandicap.
Lui aussi reconnaît avoir appris vraiment à travailler en PACES. Avec 12 mois de recul, il pointe l'impérative nécessité de la méthode. « Ma chance, c'est d'avoir pris rapidement le bon tempo ». Le carabin fait état d'une ambiance plutôt bonne dans sa fac. Mais, s'il est satisfait d'avoir passé le cap de la sélection avant la mise en place de la réforme, il sait qu'en revanche il devrait « se prendre de plein fouet, celle des ECN ».
L'Alter-PACES, l'autre voie de Yasmine la très volontaire
Etudiante à Paris Diderot - l'une des facs pour lesquelles, il n'y a pas de deuxième chance - Yasmine est déterminée à faire de la chirurgie dentaire son futur métier. La jeune femme à la santé fragile mais à la volonté d'acier, maintient le cap. Méthode, rigueur et organisation sont ancrées dans son quotidien et pallient des soucis de mémorisation. Combative ,Yasmine a manqué de peu la PACES ( sans prépa mais avec tutorat). « Reçue-collée », elle valide la première année commune aux études de santé sans entrer dans le numerus clausus. Et sa demande de redoublement (à titre dérogatoire pour raison médicale) a été refusée.
Qu'à cela ne tienne ! Notre battante est éligible pour la deuxième année de licence de sciences interdisciplinaires appliquée à la santé ( SIAS), une spécificité propre à sa fac lorsque on a obtenu au moins la moyenne en PACES. Certains cours se feront en commun avec les étudiants en médecine et Yasmine vise à terme l'Alter PACES, une passerelle possible pour atteindre son objectif. Ce dispositif devrait lui permettre, à l'issue de la troisième année, d'intégrer la filière qui lui tient tant à coeur : l'odontologie. Si l'expérience de la PACES laisse à l'étudiante l'impression d'avoir évolué et grandi à la vitesse grand V, la réforme la laisse dubitative. « J'ai du mal à comprendre si cela sera mieux ou pire ».
Après une PACES à la Sorbonne, Emie choisit l'ostéopathie
Le redoublement n'étant plus autorisé à la Sorbonne, Emie, de Meaux, bifurque. Notre jeune meldoise, déjà tentée, à la fin du premier semestre, par le concours de kiné, entamera finalement ses premiers cours en ostéopathie, au sein d'une école privée. Et la voilà engagée pour les cinq prochaines années. La PACES lui a permis, dit-elle, d'engranger un solide bagage scientifique et d'acquérir une grande autonomie. L'ambiance à la Sorbonne, sans être délétère, est ressentie comme – chacun pour soi-même s'il était possible de travailler en groupe à la Bibliothèque. « J'ai vécu ma PACES de manière très solitaire et je me suis énormément renfermée » regrette-t-elle. Interrogée sur la future refonte des études médicales, Emie estime d'ailleurs : « c'est plutôt une bonne chose que de vouloir modifier la sélection telle qu'elle s'effectue actuellement… »
À tous, rendez-vous dans quelques mois pour savoir qui fait quoi et tirer un nouveau bilan des premiers pas de nos carabins !
« Pour la coupe du monde, un ami a proposé quatre fois le prix » : le petit business de la revente de gardes
Temps de travail des internes : le gouvernement rappelle à l’ordre les CHU
Les doyens veulent créer un « service médical à la Nation » pour les jeunes médecins, les juniors tiquent
Banderole sexiste à l'université de Tours : ouverture d'une enquête pénale