Le coût de la rentrée pour les étudiants en médecine connaîtra une augmentation significative en 2022, selon l’Association nationale des étudiants en médecine de France : 19 300 euros pour une année en PASS avec tutorat et prépa privée, contre 17 440 euros en 2021. L’Anemf vient de publier l’indicateur du coût de la rentrée 2022 pour les étudiants en première année (PASS et LAS) et en quatrième année (DFASM1). Elle estime que plus de 50 % des étudiants en PASS ont recours à une prépa privée, contre plus de 70 % d’entre eux en Île-de-France.
Contacté par « Le Quotidien », le président de l’Anemf, Yaël Thomas, attribue principalement cette hausse à « l’augmentation du prix des prépas privées en PASS (+ 27,70 % en un an), mais aussi à la flambée des frais mensuels de la vie courante, en raison de l’inflation ». Et de rappeler que les organismes privés ne sont soumis à aucun encadrement, donc « tant qu’ils auront des demandes, ils se permettront d’augmenter les tarifs. Ils capitalisent sur la peur des étudiants liée la réforme du premier cycle des études de santé ».
Les prépas 212 fois plus chères que le tutorat
Si l’on rentre dans le détail des chiffres, les frais spécifiques de rentrée - frais de scolarité, complémentaire santé, assurance logement, frais d’agence et matériel pédagogique – s’élèvent à 1 375 euros (+ 17,3 % en un an) en PASS avec tutorat sans prépa privée, contre 6 760 euros avec une prépa privée. La facture grimpe même à 8 593 euros en région parisienne ! D’après les calculs de l’Anemf, le coût d’une prépa privée équivaut en moyenne à 212 fois celui du tutorat sur tout le territoire...
Cette augmentation des frais spécifiques de rentrée est moins sensible en LAS (1 320 euros avec tutorat sans prépa privée, 4 143 euros avec prépa privée), soit respectivement une hausse de 13,7 % et 14,2 % en un an. Pour l’entrée en deuxième cycle (DFASM 1), ces frais grimpent à 3 855 euros (+ 3,94 %). Quant aux coûts mensuels de la vie courante (loyers, repas, équipements divers, téléphonie, internet et transports), ils progressent de 3,2 % pour atteindre 1 045 euros en PASS, LAS et DFASM1.
Décidée à défendre un « égal accès au savoir pour tous », l’Anemf fait des propositions concrètes. Pour les étudiants en PASS et LAS, elle prône l’accompagnement des tutorats par les universités, via un soutien matériel, financier et pédagogique. Dans le cadre de la loi ORE (Orientation et réussite des étudiants) et du développement de l’orientation des lycéens, l’association souhaite également que les tutorats deviennent les interlocuteurs privilégiés des lycéens. Elle veillera, donc à ce que les frais engendrés soient « limités et que des aides financières ou pédagogiques soient mises en place localement ou nationalement ».
Les problématiques diffèrent pour les étudiants en DFASM1, car les frais de matériel pédagogique engendrés par les référentiels et les organismes de préparation privés au concours de l’ECNi et de l’EDN ont un « impact plus qu’excessif sur les finances des étudiants, rompant avec le principe d’accessibilité et de réussite universitaire pour tous », considère l’Anemf.
L’achat de l’ensemble des référentiels neufs nécessaires à la préparation des ECNi/EDN représenterait une dépense de 1 382 euros. Or, leur actualisation fréquente, exacerbée par le nouveau programme de la réforme, empêche généralement l’achat de référentiels d’occasion.
Référentiel unique et gratuit
L’association propose donc de mettre à disposition gratuitement à l’ensemble des étudiants la version numérique de ces ouvrages. Si plusieurs collèges d’enseignants ont déjà entrepris cette démarche, celle-ci doit « impérativement se généraliser », milite l’Anemf. Autre proposition : la mise en place d’un référentiel unique, gratuit et adapté à la réforme. Jusqu’à présent, l’initiative a abouti à un référentiel d'apprentissage transversal, le LiSA (ou Livret de Suivi des Apprentissages), une aide d'apprentissage pour l'étudiant qui « n’est pas suffisamment complet pour servir de référentiel unique ».
L’Anemf demande également l’inscription des livres universitaires en qualité de livres scolaires pour autoriser la vente à prix réduit par les associations étudiantes. Depuis la loi Lang, le prix des livres est unique, tandis que le vendeur ne peut proposer une réduction dépassant les 5 % du prix du livre. Or, une dérogation de la loi permettrait aux associations de fixer librement le prix des livres scolaires.
Indemnité de transport insuffisante
La réforme du deuxième cycle engendre également des coûts supplémentaires pour les étudiants, puisqu’elle favorise leur mobilité sur les territoires afin de leur faire découvrir les différents modes d’exercices en dehors des CHU. Sauf que, nombre de stages en périphérie sont situés à plus d’une heure de route du logement de l’étudiant…
L’Anemf demande donc la création, le développement et la rénovation des internats en hébergements territoriaux des étudiants en santé. Mais aussi l’extension de l'indemnité d'hébergement de 150 euros brut pour les stages ambulatoires en zones sous-denses (mise en place par le Ségur) aux stages réalisés en centres hospitaliers. Autre suggestion : une revue de l’indemnité de transport basée sur la grille de remboursement kilométrique de la fonction publique, sachant que l’indemnité mensuelle forfaitaire de transport (130 euros) dédiée aux stages en périphérie « ne couvre plus les frais de déplacement pour de nombreux étudiants ».
Faible rémunération des étudiants hospitaliers
L’Anemf alerte aussi sur la faible rémunération des étudiants hospitaliers (salaire horaire net moyen de 2,50 euros, pour une moyenne de 4 heures par jour et de 22 jours ouvrés par mois). Malgré la revalorisation du Ségur et l’augmentation du point d’indice, « il persiste une différence incompréhensible avec la rémunération des étudiants-stagiaire de l’enseignement supérieur (3,90 euros/heure, NDLR) », observe l’association. Un fossé accentué par « la perte de 100 euros par mois due à la réforme des APL cette année », poursuit l’association. Elle demande donc une revalorisation alignée sur la rémunération des étudiants stagiaires.
Enfin, l’association exige des mesures pour compenser la perte induite par la cotisation à la Contribution vie étudiante et de campus (CVEC), soit 95 euros par an. À la rentrée 2018, son instauration s'accompagnait de la suppression de la cotisation au Régime de sécurité sociale étudiant (RSSE). Mais les étudiants hospitaliers, déjà rattachés par leur statut d'étudiant-salarié, « n'ont pas profité de la suppression du RSSE, augmentant leurs frais d’inscription de 95 euros pour la rentrée 2022 ! », rappelle l’Anemf.
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