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Devenir médecin chercheur avec l’École de l’Inserm - Liliane Bettencourt

Publié le 24/03/2023
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Chaque année, l’École de l’Inserm – Liliane Bettencourt sélectionne quelques étudiants admis en deuxième année de médecine afin de les ouvrir au monde de la recherche. L’objectif est de décloisonner deux mondes pourtant très proches.
L’École de l’Inserm accompagne aide ces étudiants à trouver des stages dans les laboratoires français ou internationaux

L’École de l’Inserm accompagne aide ces étudiants à trouver des stages dans les laboratoires français ou internationaux
Crédit photo : Burger/Phanie

Avant les années 2000, les études de médecine en France ne comprenaient pas d’enseignements précoces à la recherche alors que la médecine se nourrit des avancées scientifiques et technologiques pour sans cesse améliorer les soins prodigués aux patients. D’où la volonté de mettre en place des doubles cursus de formation permettant d’obtenir un doctorat en sciences au cours des études médicales. En 2003, l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) a été l’un des premiers organismes de recherche à mettre en place ce double cursus.

L’École de l’Inserm Liliane Bettencourt (EdILB) propose aux étudiants en deuxième année de médecine un cursus de trois ans pour obtenir un Master 2 Recherche ; diplôme les conduisant ensuite à présenter une thèse de doctorat en sciences. Un parcours d’excellence, sélectif, dont l’organisation est inspirée des dual degrees MD-PhD nord-américains. « L’objectif de l’école est de fournir une expérience précoce et approfondie de la recherche aux futurs médecins », expose Boris Barbour, un des codirecteurs de l’EdILB. Ses enseignements centrés sur les sciences exactes complètent ceux reçus dans le cadre des études médicales et forment ainsi de futurs médecins capables de mener des activités de recherche.

Une formation sélective

Chaque année, entre 150 et 200 étudiants de toutes les facultés de médecine de France sortant tout juste du concours de première année envoient leur dossier de candidature. La sélection s’opère tout d’abord sur dossier au niveau national. Les dossiers reçus concernent surtout des étudiants « qui se posent des questions, explique Boris Barbour. Car même si l’exercice de la médecine leur plaît, ça ne satisfait pas totalement leur besoin de comprendre ». Les 50 candidats retenus sont ensuite invités à participer à un séminaire, « l’École de février ». Un stage intensif de deux semaines organisé pour leur donner un aperçu de la recherche mêlant des cours de mathématiques, physique ou chimie à des analyses d’articles, des séances de conseil pour mener un double parcours ou encore des conférences de chercheurs. Un concours vient clore cette sélection pour ne retenir qu’une vingtaine d’étudiants.

S’ouvre ensuite pour eux un cursus dans leur faculté d’origine mêlant enseignements fondamentaux et stages de formation dans des laboratoires en parallèle de leurs études médicales. Une césure entre la troisième et la quatrième année de la formation médicale est nécessaire pour valider le Master 2 Recherche. Ces étudiants ont ensuite deux possibilités pour préparer et présenter leur thèse. Une première voie consiste à le faire directement après la validation de leur Master, ce qui implique d’interrompre la formation médicale jusqu’à la soutenance. Sinon, l’étudiant peut choisir de suspendre ses études médicales en cours d’internat afin de mener ce travail de recherche.

Un encadrement personnalisé

Un double cursus « passionnant » pour Céline Gréco, ancienne étudiante de l’École et cheffe du service douleur de l’hôpital Necker, « mais qui demande beaucoup de travail ». C’est pourquoi l’EdILB propose un encadrement personnalisé à ces étudiants qui permet de lever de nombreux obstacles. « L’École de l’Inserm accompagne et conseille ses étudiants », souligne Boris Barbour, que ce soit pour trouver des stages dans les laboratoires français ou internationaux ou encore en les intégrant dans le réseau des anciens élèves à travers des journées de rencontre. Ce qui fait que pour Fabien Vinckier, psychiatre et ancien élève de l’école, les principales difficultés « concernent plutôt la gestion du temps et l’organisation car la médecine et la recherche appartiennent à deux temporalités différentes : l’urgence et le temps long ».

Mais les étudiants de l’école bénéficient surtout d’un soutien financier notable grâce à la Fondation Bettencourt-Schueller. Un financement qui peut intervenir à différents stades du cursus selon la voie choisie par l’étudiant. Un contrat de jonction est proposé aux étudiants ayant préparé leur thèse en cours de deuxième cycle des études médicales afin de les aider à terminer leur externat. Ceux ayant choisi la deuxième voie peuvent bénéficier d’un soutien pour participer à des conférences ou à des stages en laboratoire. Cet engagement financier ne s’arrête pas à la fin du cursus des étudiants. « La Fondation Bettencourt participe au financement de mes recherches et a aussi financé des vacations à l’hôpital pour que je puisse continuer à faire de la recherche en tant que praticien hospitalier », explique Céline Gréco.

Car l’objectif est qu’une fois leur cursus terminé, les étudiants puissent continuer cette double activité de médecin chercheur. « C’est une activité riche qui permet d’être innovante sur les thérapeutiques que je propose, rapporte Céline Gréco. J’ai par exemple déposé 12 brevets dans le milieu de la douleur ». Mais le manque de médecins dans les services hospitaliers empêche parfois « les chefs de cliniques de libérer du temps pour qu’ils puissent continuer à faire de la recherche. D’où le soutien de l’Inserm et de la Fondation Bettencourt au programme “Chefs de clinique-assistants à temps de recherche protégé” », conclut Céline Gréco.

Antoine Vergely

Source : Le Quotidien du médecin