Des chefs de clinique en médecine générale ayant une activité de maître de stage des universités (MSU) ne percevraient pas les indemnités pédagogiques liées à cette fonction, a-t-on appris auprès de deux syndicats défendant les intérêts de la médecine générale. « Cette mesure nous a été rapportée en premier lieu à la faculté de Strasbourg et il semblerait que Marseille pourrait l'appliquer aussi », dénonce le Dr Anas Taha, président du Syndicat national des enseignants de médecine générale (SNMEG).
Les maîtres de stage bénéficient d'une indemnisation lorsqu'ils accueillent un externe ou interne. Ces honoraires pédagogiques (300 euros par mois par externe, 600 euros par interne) sont payés par la faculté, à partager entre les MSU d'une même maquette de stage.
Les chefs de clinique de médecine générale partagent leur activité entre un mi-temps d'enseignement et de recherche à la faculté et un autre mi-temps de soins en ambulatoire. « Après une année d'installation, nombreux sont les chefs de clinique qui demandent l'agrément de MSU, explique le Dr Yannick Schmitt, président d'AGJIR (syndicat des jeunes généralistes d'Alsace). Or, il s'avère qu'en Alsace, les chefs de clinique sont, à ce jour, exclus de ce dispositif indemnitaire. »
Les échanges avec le doyen de la faculté de Strasbourg et le responsable administratif auraient tourné court. « On nous a annoncé que la réglementation sur ce sujet était trop floue. On est tombé de notre chaise », confie le président d'AGJIR.
Zone grise
Selon le SNEMG, la remise en question de la rémunération à la maîtrise de stage des enseignants généralistes relève d'une « interprétation politique » d'un décret du 28 juillet 2008 relatif aux enseignants des universités, titulaires et non titulaires de médecine générale. « On a fait comprendre à ces enseignants que l'accueil des stagiaires – externes et internes – faisait partie de leur mission d'enseignement, et qu'ils étaient déjà rémunérés pour cela », explique le Dr Taha, qui demande à Marisol Touraine de mettre un terme à cette « agression contre les enseignants universitaires de médecine générale ».
Selon le SNEMG, certains généralistes enseignants auraient plusieurs milliers d'euros d'impayés. « Nous attendons de voir s'il y a une réaction de la ministre », espère le Dr Taha, pour qui 200 titulaires et chefs de clinique pourraient être concernés. AGJIR déclare de son côté suivre ce dossier depuis 2011, date du premier cas « d'injustice » connu en région Grand Est…
Contacté par la rédaction, le Pr Jean Sibilia, doyen de la faculté de médecine de Strasbourg et vice-président de la conférence des doyens, affirme de pas s'opposer à la prime. « Une enquête sur les pratiques des autres facs est en cours. La conférence des doyens est attentive sur le sujet », explique-t-il. Selon lui, il y a une iniquité entre les chefs de clinique de spécialité et ceux de médecine générale. « Nous avons adressé une lettre aux ministères. Nous attendons un arbitrage ministériel », ajoute le Pr Sibilia.*
* Article mis à jour le 10 février 2017
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