Des prérequis envisagés à l'entrée aux études de santé

La sélection en PACES dans les tuyaux, les carabins en alerte

Publié le 23/10/2017
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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Très attendu, le rapport sur l'accès à l'université, fruit d'un travail de trois mois et d'une concertation de nombreux acteurs (syndicats d'enseignants, d'étudiants, présidents d'université, recteurs, parents d'élèves), a été rendu public jeudi dernier.

L'objectif de ce document d'une trentaine de pages est de proposer des solutions pérennes pour éviter le tirage au sort dans les filières universitaires en tension, notamment en première année commune aux études de santé (PACES), mais aussi de revoir les modalités d'admission afin de résorber l'échec en licence.

Le rapport préconise de mieux prendre en compte le profil de l'étudiant et d'accompagner son projet professionnel dès le lycée. Le rapport évoque également une forme de sélection par le biais de « prérequis » pour la PACES, STAPS, la psychologie et le droit.

Dans ces filières en tension, les groupes de travail ont proposé trois pistes : un travail approfondi sur l'orientation, un élargissement et diversification de l'offre de formation, et « une procédure de sélection en dernière instance lorsque le nombre de places offertes, fussent-elles augmentées, ne peut répondre à l'ampleur de la demande ».

Un MOOC pour entrer en PACES ?

Pour les études de santé, il est suggéré que « les universités déterminent les modalités d’admission dans les différentes filières aux différents niveaux et pour les différents types de candidats », notent Daniel Filâtre, rapporteur général. C'est dans ce cadre, que les prérequis seraient définis, « la connaissance serait vérifiée par la validation d’un MOOC [cours en ligne N.D.L.R.] » spécifique à la préparation à l’entrée dans les études de santé. Ces prérequis différents « selon les modes d’entrée, garantiraient la possibilité d’accès aux études de santé à différents profils de bacheliers », note Daniel Filâtre.

Enfin, chaque fac devrait proposer « plusieurs modes d’entrée dans les études de santé en formation initiale, hors passerelle », calqués par exemple sur le modèle du PluriPASS d'Angers. « Ceci supposerait que les expérimentations actuelles entrent dans le droit commun et que de nouvelles expérimentations soient possibles afin de répondre aux enjeux de cette filière de formation universitaire spécifique », conclut le rapporteur général.

Les carabins contre les prérequis coercitifs

Si les doyens sont favorables de longue date à une présélection à l'entrée aux études de santé, ce n'est pas le cas des carabins. Consultée, l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) refuse toute sorte de sélection. « Notre position n'a pas changé, nous sommes contre des prérequis en PACES », commente son président Yanis Merad. En revanche, les jeunes se montrent plus ouverts à une meilleure orientation au lycée. « Elle doit intervenir le plus tôt possible, pourquoi pas à bac -3 [seconde N.D.L.R.], poursuit Yanis Merad. Les étudiants doivent savoir ce qu'est la PACES et connaître les différents métiers rattachés à la santé. Il y a un vrai manque d'informations qu'il est difficile de combler une fois arrivé en première année. »

La ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a précisé que ce rapport permettrait de « faire un état des lieux » et de « tracer des pistes ». Désormais, les acteurs entrent dans le dur. Les négociations vont démarrer et donneront lieu à des arbitrages rendus publics courant novembre. L'ANEMF a déjà déclaré qu'elle se mobilisera si la sélection à l'entrée en PACES venait à être retenue.

Sophie Martos

Source : Le Quotidien du médecin: 9612