Évolution des carrières hospitalo-universitaires

Les lauriers de Pécresse au rapport Gaillard

Publié le 05/05/2011
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IL N’EST PAS RARE que de volumineux rapports « santé » soit jetés aux oubliettes. Celui consacré à l’évolution du statut hospitalo-universitaire que vient de remettre le Dr Raphaël Gaillard (ex-président du syndicat des chefs de clinique) à Valérie Pécresse (Quotidien du 4 mai) devrait connaître un bien meilleur sort. La ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche a en tout cas salué le « potentiel » et les pistes « innovantes et extraordinairement intéressantes » de ce document qui formule une série de recommandations dans trois directions : la formation à la recherche, les statuts hospitalo-universitaires et l’évolution des hospitalo-universitaires. Avec quelques mesures qui décoiffent comme la possibilité qui serait donnée aux universités autonomes de structurer un cursus commun de une ou deux années au gré de leurs composantes santé et autres, la réservation d’une part significative du numerus clausus pour des accès parallèles aux études médecine et surtout la mise en place de postes faisant la jonction entre clinicat et poste de professeur titulaire. Le rapport préconise à cet égard un nouveau statut hospitalo-universitaire non titulaire, celui de professeur assistant - praticien hospitalier (PA-PH). Ce nouveau corps aurait vocation à constituer à terme la principale voie d’accès aux postes de PU-PH. Quant à l’évaluation des hospitalo-universitaires (qui ne représentent que 4 % des 216 000 médecins français), le rapport va assez loin en réformant les modalités de fonctionnement du Conseil national des Universités (CNU), en valorisant la qualité des travaux plutôt que leur quantité ou encore en généralisant les contrats d’objectifs et de moyens (pour valoriser chacune des trois missions de soin, d’enseignement et de recherche).

Le levier de l’autonomie des universités.

En recevant le rapport Gaillard, Valérie Pécresse s’est félicitée de pistes visant à s’appuyer sur l’autonomie des universités pour « aller plus loin », de diversifier et d’élargir le mode de recrutement, de favoriser les doubles cursus (permettant aussi de répondre aux enjeux des nouveaux métiers de santé), de consolider la formation scientifique des étudiants en médecine et surtout de valoriser la créativité des jeunes hospitalo-universitaires (30-45 ans) « au moment des années les plus fertiles ». Elle salue au passage la proposition du rapport qui suggère de valoriser dans l’avancement des carrières hospitalo-universitaires les publications de très haut niveau qualitatif, mêmes rares, plutôt que la multiplication de travaux sans intérêt.

Dans un premier temps, la ministre a l’intention de « populariser » ces propositions auprès des universités autonomes. « Il faut réussir à donner une bien meilleure visibilité à notre recherche dans les CHU, qui n’est pas comptabilisée aujourd’hui dans les classements internationaux », a-t-elle plaidé, se donnant pour objectif d’« attirer les meilleurs ». Quant à la mise en œuvre des propositions, il faudra opérer un tri. Certaines mesures « peuvent se concrétiser très vite », notammentsous l’impulsion du Conseil national des Universités (CNU), d’autres exigent plus de temps car, souligne-t-elle, « changer de statut est une réforme lourde ».

 CYRILLE DUPUIS

Source : Le Quotidien du Médecin: 8956