LA POSSIBILITÉ offerte aux étudiants français de faire leurs études de médecine en Roumanie puis de revenir exercer en France est tout à fait légale. Le processus de Bologne prévoit la réciprocité des diplômes entre les pays de l’Union européenne. La Roumanie a intégré l’UE le 1er janvier 2007.
Les étudiants français qui ont fait le choix de venir à Cluj ont dans leur grande majorité connu un voire deux échecs en PCEM1. Pour ces derniers, qui ne peuvent plus tenter leur chance en France, le diplôme roumain est la seule possibilité de devenir médecin. Les étudiants que « le Quotidien » a interrogés envisagent de revenir en France à l’issue de leur formation. « Je me renseigne auprès des facs, nous confie l’un d’eux. J’espère pouvoir revenir en France en 4e année. Au pire j’irai jusqu’en 6e année à Cluj et je passerai les épreuves classantes nationales (ECN). Je réintégrerai le système français au moment de l’internat. » La réglementation autorise en effet tout étudiant ayant fini son cursus de 2e cycle de médecine en Europe à passer les ECN. Les Français titulaires d’un diplôme roumain pourront donc le faire au titre d’étudiants européens. Une centaine de titulaires d’un diplôme européen ont passé les ECN en 2009. Ils pourraient être beaucoup plus nombreux dans les prochaines années.
La voie parallèle qui s’est ouverte en Roumanie alerte l’Ordre des médecins, qui demande aux pouvoirs publics d’intervenir. « Nous voulons que les échanges se fassent de manière officielle, pas à la sauvette, indique le Dr Xavier Deau, vice-président du CNOM. Nous demandons que les Français soient soumis aux mêmes critères de sélection que les Roumains. » Les étudiants de la filière francophone sont pour l’heure recrutés sur dossier ; leurs homologues roumains doivent passer un examen. « Que les étudiants saisissent l’opportunité de la législation, d’accord, mais à condition qu’ils ne contournent pas l’examen de 1ere année imposé aux Roumains, poursuit le Dr Deau. Nous voulons plus de transparence. La Commission européenne gère les flux des professionnels comme ceux des étudiants. Elle doit ouvrir les yeux et édicter des règles claires ! » La commission de Bruxelles a récemment demandé au CNOM de recenser les problématiques de non-application d’une directive adoptée en septembre 2005 qui modernise les règles de reconnaissance des qualifications professionnelles. La filière de formation roumaine en fait partie.
Les doyens de médecine français sont également attentifs aux formations en médecine qui s’ouvrent à l’étranger. « La Conférence internationale des doyens et des facultés de médecine d’expression française (CIDMEF) a évalué la formation théorique de la section francophone de la faculté de Cluj il y a quelques années », commente son président, le Pr Jean-Paul Francke. L’ancien doyen de Lille se refuse toutefois à juger de la qualité de l’enseignement dispensé actuellement dans la faculté roumaine.
Interrogé par « le Quotidien », le ministère de la Santé dit suivre cette « dérive du système européen » mais sans pouvoir intervenir. « La France est soumise dans cette affaire au règlement européen, indique-t-on avenue de Ségur. Il faudrait pouvoir établir des conditions d’accès aux études médicales identiques dans tous les pays de l’Union. »
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