Du côté des « seniors », les réactions ne sont pas tendres. Si le rapport Legmann convient à la FMF, MG-France se montre plutôt critique. Quant à la CSMF et au SML, ils notent très sévèrement cette copie. Pour tout le monde, les recettes ne sont pas à la hauteur des enjeux.
LE RAPPORT de la mission Legmann sur la définition d’un nouveau modèle de la médecine libérale n’a pas déchaîné les passions, et les responsables des syndicats de médecins installés ne mâchent pas leurs mots pour le commenter.
Plus virulent que les autres, le Dr Michel Chassang, président de la CSMF, attaque frontalement : « Ce rapport est un tissu de banalités qui enfonce des portes ouvertes ». Et si le président de la CSMF apprécie l’amélioration de la protection sociale des médecins, la suppression du contrat santé solidarité et de la déclaration obligatoire d’absence, c’est pour ajouter que ces mesures n’ont rien d’original. Pis encore, pour Michel Chassang, qui a mis en place avec le SML une « contre-mission » Legmann qui rendra ses conclusions à la fin du mois de juin, « beaucoup d’aspects du problème ne sont pas traités, comme la disparition des stabilisateurs économiques (mécanisme budgétaire qui repousse d’au moins six mois les accords de revalorisation tarifaire), le secteur optionnel ou la responsabilité médicale ».
Même tonalité au SML dont le président, le Dr Christian Jeambrun, se dit « surpris que ce rapport n’évoque que la médecine générale de premier recours » et pas les spécialités. Pour le patron du SML, ce rapport manque d’audace et se contente « d’une énumération sans approfondissement de certaines pistes déjà évoquées, comme le guichet unique, ou la télémédecine ». Il regrette qu’il n’y ait « pas un mot sur la prévention ». Seul point positif, le volet de la formation initiale, même si rien n’y est dit « sur la rémunération des stages de 2e et 3e cycle ». En revanche, approbation du volet protection sociale du rapport et notamment des mesures réservées aux femmes médecins : « ça nous convient, c’est ce qu’on attendait », reconnaît-il.
Du côté de MG-France, la critique affleure vite. Certes, Claude Leicher voit quelques éléments positifs comme « la suppression des mesures vexatoires de la loi Bachelot (contrat santé solidarité, déclaration d’absence), ainsi que la proposition d’une réelle diversification de la rémunération ». Mais « rien n’est dit sur l’ASV, ni sur la différence de prise de risque entre l’exercice libéral et salarié », regrette Claude Leicher. Rien non plus sur le risque patrimonial assumé par exemple par un professionnel libéral qui investirait personnellement dans une maison de santé. Conclusion de MG-France : « tout ceci est insuffisant pour refonder l’exercice libéral ». Rien n’est cependant perdu : « Nous attendons beaucoup du président de la République, conclut Claude Leicher, et notamment qu’il entre en contact direct avec les généralistes. Il faut passer à l’acte et nous avons des propositions à faire ».
Du côté de la FMF, le président Jean-Claude Régi se veut réaliste : « Ce rapport rend bien compte de la situation des médecins et de la faillite de l’exercice libéral, assure-t-il. Mais Jean-Claude Régi voit plus loin et s’inquiète de la prochaine étape : « Que fait-on ensuite, puisque ce n’est pas avec un pistolet qu’on fera avancer les gens » ? Et le Dr Régi d’évoquer l’urgence d’« un plan Marshall de la médecine libérale, pour renverser la vapeur ».
› H.S.R.
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